dimanche 12 décembre 2010

L'aube

Kouros de Thèbes

À Jean-Clarence Lambert



Regarde le sourire du Kouros

virgule posée horizontale sur la ligne d’horizon

de grands yeux blancs comme des soleils


Aurore

bruits de vie

rosée

des algues bleues dans la clairière


Nous recueillons la rosée

de sa bouche

soleil et lune dans le ciel

draps étendus blancs dans les prés


Nous recueillons la rosée

dans l’herbe des champs

inventons des jardins


Signes au milieu de Lignes

Temps étendue blanche

Temps étendue blanche

− Mère vient à l’horizon −

l’oraison des astres frappe nos tempes


Nous vivons dans un livre d’emblèmes,

un très vieux livre d’emblèmes aux pages jaunies par l’été


Mère vient à l’horizon,

Kouros vient


Sophie vient et nous porte à manger

le repas de deux chênes

leurs ramures emmêlées par l’amour


− Ouverture posée lèvres couleur sang le bonheur passe !


Les signes s’inventent au sol et s’échangent au ciel

Simples simples et clairs à la lune au soleil


Regarde le sourire de Bouddha

ou de l’archange Saint Michel

au portail de Notre-dame


Une mère, une vierge

une vierge-mère apparaît

et offre des mots à manger au poète

depuis la nuit des temps

Les mots sont des signes se levant droit

au printemps et traversent le mal

Les mots sont des signes jetés

à la lune au soleil


Signes en oraison aux Astres

levés droit sur le sable de la page

pour sauver Osiris Dionysos ou Nommo,

le dieu jumeau dogon,

déchiqueté par son père,

Amma, le dieu créateur


Joue

Jour

Nuit

Nue


Sur les cimes,

un vol d’oiseaux chante aux vents les noms des hommes

pour qu’ils les oublient

et que les dieux reviennent manger à leur table


Agape !

Agape !

Spasme des cœurs !

Brouhaha !


Les oiseaux chantent au vent le nom des hommes

au retour des dieux

une femme leur apporte à manger


− Spasme des terres, souffle des lèvres !


Tandis que les eaux font leur nid à nos pieds,

un enfant venant de l’Est s’approche de nous

et déclare :

« Nous ne maîtrisons rien,

tout est en équilibre sur tout. »


La statue d’un Kouros sourit à la vie depuis la nuit des temps

La statue d’un Kouros sourit à la vie depuis la nuit des temps

La statue d’un Kouros sourit à la vie depuis la nuit des temps


Un enfant naît,

un seul pris parmi les autres pour sa mère

morceau de glaise jeté dans l’espace


Le cri

le cri primal

ouverture du corps comme jamais

même après l’orgasme


Jet de glaise

mouvement culminant arrêté dans sa course


Un enfant naît,

son ombre est projetée sur un cadran solaire

au centre d'un labyrinthe


Il est midi

il est minuit

jeudi 9 décembre 2010

Le voyageur et l'ascète

Saint Siméon, le stylite


Un voyageur atteignant aux abords d’une cité

arrive devant un ascète qui médite à sa porte.

Interroge le voyageur, interroge, dit, comment

est la cité, dis, comment est la cité, dis comment ?

L’ascète répond, et comment, la dernière traversée ?

Le voyageur répond, horrible,

l’ascète répond, ici aussi.


Un autre voyageur arrive aux abords de la cité,

croise l’ascète qui médite à sa porte.

Le voyageur interroge, dit comment

est la cité, dis, comment est la cité, dis comment.

L’ascète répond, et comment, la dernière traversée ?

Le voyageur répond, magnifique,

l’ascète répond, ici aussi,

l’ascète répond, ici aussi.


Un voyageur atteignant aux abords d’un ascète

arrive devant une cité qui médite à sa porte.

Interroge le voyageur, interroge, dit, comment

est l’ascète, dis, comment est l’ascète, dis comment.

La cité répond, et comment, le dernier traversé ?

Le voyageur répond, horrible,

la cité répond, ici aussi,

la cité répond, ici aussi,

la cité répond, ici aussi.


Une autre cité, qui arrive aux abords d’un ascète,

croise le voyageur qui médite à sa porte.

Interroge la cité, interroge, dit, comment

est l’ascète, dis, comment est l’ascète, dis comment.

Le voyageur répond, et comment, le dernier traversé ?

La cité répond magnifique,

Le voyageur répond, ici aussi,

le voyageur répond, ici aussi,

le voyageur répond, ici aussi,

le voyageur répond, ici aussi.


Ainsi se croisent,

chaque heure,

voyageur, cité et ascète,

comme bancs de poissons sous la mer,

sans que nul n’imagine

que la cité est le rêve du voyageur

et que le voyageur est le rêve de l’ascète.


J’ai écrit ce poème,

aujourd’hui, douze décembre 2010.

Dans quelques jours,

un autre que moi écrira le même.


Sur la route,

nous traversant l’un et l’autre,

nous ferons semblant

de ne pas nous reconnaître.





dimanche 26 septembre 2010

Babelle (3)

Détail du portail de Notre-Dame de Paris


« « Ah ! »,

s’écrie Dante ou le soleil ou toi-même à la vue de Béatrice montée sur le griffon,

« Ah ! »,

dites-vous en regardant voler les étoiles,

« Ah ! »,

font les étoiles en vous regardant voler,

puis B, puis C, puis…

Elles écrivent maintenant & inventent pour vous de nouvelles cosmogonies,

de nouveaux dieux, de nouveaux temples ouverts aux vents.

− Viendra un temps où les hommes apprendront aux étoiles à jouer. »


*

mercredi 22 septembre 2010

Babelle (2)


New Babylon, Constant


« Vous naissez un jour, reprend .le.soleil.ou.le.ciel.ou.vous-même.,

& vous apprenez une langue & vous apprenez une histoire
que vous devez connaître.

Non que cette langue & que cette histoire soient des attributs de ce que
vous êtes,
mais elles sont des outils, des moyens par lesquels vous pouvez accéder au bonheur.

D’autres voies du bonheur sont possibles,
d’autres sources de plaisir sont à trouver,
d’autres outils sont réalisables.

Faites en sorte de vous affranchir de votre langue & de votre histoire,
si vous en êtes captif,
car la vie n’est pas un travail, mais un jeu.

La seule connaissance que vous avez à vous transmettre est celle du jeu.

Les Chinois appellent cette connaissance le I Ching & les Grecs, le Kairos.

Mais il y en a d’autres, il y a une infinité de jeux.


Vous n’avez pas d’autre rôle sur terre que de jouer, de vous appliquer au jeu & d’inventer de nouvelles règles du jeu. »



*


« Regarde le ciel & la course des étoiles,

cherche leur mouvement

derrière la lumière qu’elles émettent,

la force qui détermine leur danse,

tel un doigt poussant une bille,

regarde.

Cherche quelque chose
ou

ne cherch e r ien,

mais regarde.

Applique-toi à contempler le monde,
ainsi que l’a fait Edgar Poe dans
sa cosmogonie Euréka.

Trouve l’origine & la fin des mondes,
puis jette un cri :

« J’ai trouvé ! »

ou

« Je suis ouvert ! »

ou

« Ah ! »

Le cri que tu jetteras, sera dikhr,
mot, poème, mantra, chant d’oiseau.

Cherche le cri du « J’ai trouvé ! »

Invente de nouveaux dikhr, de nouveaux mantras,
de nouveaux chants d’oiseau.

Invente de nouvelles cosmogonies :
la course des étoiles changera avec toi-même.

Crie : « Ah ! »,
la course des étoiles change avec toi-même.

Les savants ne savent même pas aujourd’hui
si origine il y a,

les savants ne savent rien sur le début et la fin du monde,

donc joue. »


٭

dimanche 19 septembre 2010

Babelle (1)


Babelle


À Adolfo Kaminsky


La Terre est à tous les hommes, chacun d’entre eux pourrait y

vivre dignement & faire le tour des continents, voir les métropoles :

Paris, la vieille dame & la disciplinée Tokyo à l’urbanisme chaotique,

lire le plan d’une ville qui change ra demain, le relire les jours suivants

& se dire que * monquartierchangeramillefoisdurantmavie *


J’ignore ce qu’il y a après lam ort , j’ignore même si un mot comme


.L .A.M. O.R.T.

a un sens

ou si

D.I.E.U.Y. A.H.V.E.B.R.A.H.M.Â.

sont mes pères.


Je me rappelle mes 1 8 ans (Je dis 1 8 ans, aujourd’hui, alors que j’en ai 35)

mon père a dit que je l’avais frappé. (Je ne l’avais pas réellement frappé ;

il voulait aller jusqu’au bout de notre relation, i l vo u lait : « v o ilà

tout ce que je t’ai fait, et, maintenant, c’est à to i. »), et il a hurlé dans

son appartement : « IL-M’A-FRA-PPÉ ! », tandis que ma main l’avait juste frôlé.


La jeunesse dit : « Je veux, nous voulons. », elle est une prière à la vie,

et son désir est aussi beau que .l’acceptation .à .tout.ce.qui.est .


٭


Nous sortons des ventres des mères

& nous goûtons au soleil.

Chaque jour, le soleil vient

& il sourit aux hommes.

Sans raison, il leur dit :

« Pourquoi es-tu ici ?

Pourquoi reviens-tu tous les jours dans la même maison ?

Pourquoi fais-tu partie d’un peuple, d’une famille ? Pourquoi as-tu une mère ?

« Chaque heure du jour ondoie son n imbe d e l u mièr e sur ta p eau.

« La terre est à tout le monde,

chaque homme, chaque peuple,

a le droit d’y circuler librement.

« C’est moi, la mère de la terre,

c’est moi qui l’ai fait ce qu’elle est.

Crois-moi : circule en son sein librement, dévore-la sans remords.

« La terre est un pays de cocagne.

Pourquoi devrais-tu faire la guerre ? Quelles raisons à vos frontières ?

Je suis le seul hôte que vous devez accueillir, je suis l’unique raison aux limites de vos champs,

& je ne vous ai jamais demandé l’hospitalité

& je ne vous la demanderai jamais.

« C’est moi, ton père et ta mère, si tu le souhaites, dis-toi que c’est moi.

Aime celui qui te fait du bien, durant ton enfance, dis-lui, * Mon.père. * ou * .ma.mère. * , si c’est ce qu’il veut entendre,

mais lui-même est issu des astres, et, en tant que tel,

n’a pas à revendiquer appartenir à une famille.

Chacun d’entre vous est lepèrelamèreoul’enfant de qu i il sou haite. »



*


,Il n'y a pas d'étranger pour ce qu'il en est de l'homme"

.poursuit maintenant le soleil


L’endroit où vous naissez est le fruit du hasard, votre vie même est un réseau

de


-c-

-ir-


-c-

-ons-

-tances-

dont vous croyez reconnaître des signes et des vérités dans ce que vos géniteurs vous ont transmis

mais vos familles, tout autant que les frontières de vos nations,

sont les inventions des poètes.

Chaque homme, chaque peuple doit pouvoir circuler librement & n’a pas à se faire reconnaître sur sa route

« Vous n’avez pas à vous désigner par * -un.nom. *,

de même que vous n’avez pas à demander

* -un.nom. *

à celui que vous rencontrez.

Chacun d’entre vous est libre de se * -nommer * et de * -nommer * les êtres et les choses, selon ses goûts.

Il n’y a nulle signature au commencement ou à la traversée de je ne

sais quelle histoire

aucun sulfurélémentaloucivilisation avant pendant & après vous.

Par rapport au firmament, chaque grain des étoiles dans la nuit

renvoie votre image à votre gré :

l’orbe du monde est un

.

qui n’a nulle dimension

dans l’espace


,Quelle vanité que de rechercher une mesure aux hommes & aux choses

? au proche & au lointain

Vous ne vous appartenez pas plus que la terre ou le ciel ne vous appartiennent.


Les maisons que vous bâtissez sont autant des lieux de passage

.pour vous que pour l’étranger qui vous demande l’hospitalité

Laissez-lui les clés de la maison, quand il arrive à votre porte

demandez-lui l’asile le gîte & le couvert, dès qu’il passe le seuil

et quittez-le, le lendemain, après l’avoir embrassé sur la bouche,

reprenez sa route, reprenez la promenade devotreamidevotreamant,

là où il l’a laissé, en remerciant le ciel de ses bontés.


Je suis moi-même issu de la maison du ciel

,je change avec lui chaque fois les liens qui nous unissent &

de sorte que, me regardant tournoyer,

vos yeux glissent inlassablement

de m lui deoim

de moi à lui,

à lui,

du bleu profond de son cerne

,à l’éclat blanc de ma pupille

".tel le libre jeu des vagues sous la mer

٭

jeudi 9 septembre 2010

Ghérasim Luca 2010


« − Caméra, regarde :

J’ai une carte d’identité française,

je suis blanc, je suis noir,

je vivrai de sept à soixante-dix sept ans,

mais toi, tu ne me reconnais pas.


− Soixante-dix sept ans,

soixante-dix sept ans, te répond alors Anubis,

tes parents envoient leur cercueil au Maghreb

ou au Machrek,

et toi, tu mourras ici.


Soixante-dix sept ans,

vingt-huit mille cent cinq jours,

674 520 heures,

40 471 200 minutes,

2 428 272 000 secondes,

4 856 544 000 respirations potentielles,

et pendant ces 4 856 544 000 respirations potentielles,

pendant que le fleuve de la vie te traverse entre Inspir et Expir,

tu penses : « Je suis un indigène de la République »

et tu n’as pas lu Ghérasim Luca,

tu ne connais pas Ghérasim Luca.


− Caméra, regarde :

Je suis Amok, fou furieux, forcené,

4 milliards de souffles à brûler.

Tu ne me vois pas,

je cours trop vite,

tu ne m’enregistres pas.

je ne suis pas un indigène de la République,

je ne suis pas français,

je ne suis pas arabe,

je ne suis pas israélien,

je ne suis pas Ghérasim Luca,

je n’ai pas de nation,

je n’ai pas de drapeau,

je ne suis pas un héraut,

je ne suis pas un poète,

je suis Amok,

et mes mots courent plus vite que le souffle,

courent plus vite que les drapeaux,

courent plus vite que les nations,

courent plus vite que Sion, l’Umma, l’Huma,

courent

courent

courent

courent

courent

courent

courent

courent

courent

courent

courent »

vendredi 9 juillet 2010

Les pains colorés de Dorothée Seltz








Frédéric Mougel : Boulanger/Dorothée Seltz : artiste
Un arc-en-ciel au coeur du pain, quelque chose d'aussi simple que les joujoux colorés dont parle Baudelaire dans ses proses poétiques. Cela est directement influencé par les expos fluxus de Daniel Spoerri, Robert Filliou, Brecht et cie, où l'on pouvait dîner rouge, vert ou bleu, et cela pouvait encore se manger frais vendredi dernier à la galerie Nu Koza, à Dijon, lors des 80 ans du poète Jean-Clarence Lambert. C'est l'enfance de l'art et c'est tellement rare !
J'espère que Frédéric Mougel et Dorothée Selz vont à nouveau travailler ensemble ; je rêve d'une maison en pain d'épice et d'une petite soeur, du nom de Gretel.
Ici, l'adresse de la boulangerie de Frédéric Mougel :
La boutique,
31 rue Jeannin,
21000 Dijon
Et là, l'adresse Internet de l'artiste Dorothée Selz :
Bon appétit !



mardi 22 juin 2010

X-Alta/Jean-Clarence Lambert


Christian Dotremont, Dépassons l'anti-art



Rencontre et exposition avec le poète Jean-Clarence Lambert, le 2 juillet, à Dijon.
Importance de Lambert : Roger Caillois, Bachelard, le surréalisme, O. Paz, le domaine poétique, le groupe Cobra, Jean Tardieu, l'enfance de l'art, le jardin, le labyrinthe, le principe d'incertitude, l'imaginal, l'Amérique latine, la dérive, New Babylon....

Jardins errants, donc, noms d'oiseaux, langue d'oiseaux.

Venez nombreux et emmenez vos enfants ou des fleurs !




X-ALTA - Jardins errants#1

Du 2 au 11 juillet 2010 - galerie NÜ KÖZA 16 rue Charlie Chaplin Dijon
vernissage le 2 juillet dès 19h - info@nukoza.com - tél 06 84 59 83 39

Pierre ALECHINSKI
Karel APPEL
Gianni BERTINI
Jean-Yves BOSSEUR
Herman BRAUN-VEGA
William S. BURROUGHS
Guillaume B. CORNEILLE
CONSTANT
Carole DOUILLARD
Christian DOTREMONT
Carl-Henning PEDERSEN
LES RICHES DOUANIERS
Bernard RANCILLAC
Benet ROSSELL
Dorothée SELZ
Philippe THIBAUT
VANIER
Philippe ZUNINO & David LEGRAND

interventions poétiques musicales et sonores de
GIRO Jean-Clarence LAMBERT
Bruno LEMOINE Nirmel MOUCHIQUEL
WALL°ICH

Série de rencontres imaginales, Jardins errants pendant un an fêtera les 80
étés de Jean-Clarence LAMBERT. X-ALTA en est la première graine...

curated by ARTOPIK:
In-Young LIM & Ludovic MAUCARRÉ - artopik@gmail.com +33 (0)6 22 46 34 66

samedi 29 mai 2010

Ce qu'être d'avant-garde veut dire, David Antin










Allons vite pour une fois/

non, pas le temps de se relire/

il y a autour de nous des passeurs/des femmes et des hommes qui connaissent les voies que nous prenons et qui nous indiquent des chemins à suivre/

Cela aura la forme que cela devra avoir/cela sera bon ou cela sera mauvais/

La laisse poursuit sa course

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Tellement, tellement de passeurs qui sont des livres et de livres qui sont passeurs

Aucune voie n'est détournée, toutes mènent à Rome ou à Al Andalous

Il y avait une communauté gay à Al-Andalous complètement intégrée à la vie de la cité

ses femmes, ses hommes et ladyboys pouvaient faire des centaines de km pour écouter un musicien

La Terre est à tout le monde

La Terre est un salon de musique

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Je n'écris pas je ne parle pas seul

une communauté d'hommes-livres peuplent mes jours

j'apprends les légendes qui vous peuplent

je connais l'origine de vos patronymes et qui sont vos ancêtres

c'est au moment où Lévy-Strauss est mort

que le poète blanc s'incline devant le griot,

les plus corrompus d'entre eux sont actuellement des spin doctors

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non le vin n'était pas une image poétique chez Omar Kheyam

buvez en déclamant ses quatrains vous verrez

quelqu'un quelque ami connaît-il le persan ?

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je vais vous parler de Ce qu'être d'avant-garde veut dire de david antin

parfois je mettrai des majuscules aux noms et aux lettres en début de phrases

parfois non

nijinski dans son journal mettait dieu en minuscule et son mentor Diaghilev en majuscule

-- non, je n'aime pas le terme d'avant-garde moi aussi

parce que j'ai fait l'armée

mais david antin est grammairien

il y avait aussi des poètes grammairiens à al-andalous

tous les poètes sont grammairiens

et, derrière ce qu'être d'avant-garde veut dire,

il y a le livre de bourdieu, du sociologue bourdieu, ce que parler veut dire, qui est un livre qui traite de la façon dont les hommes parlent entre eux

ce qu'être d'avant garde veut dire est un essai poétique et un livre de poétique

un livre magistral publié il y a deux ans par les presses du réel de dijon

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david antin est un poète américain qui vit en californie

il a été directement influencé par la poésie de john cage, et, notamment, silence, qui est un livre sur la poésie, avant d'être un livre sur la musique

david antin n'a pas inventé les talk poems

il y a eu des talk poems depuis que l'homme a su parler

et l'on peut imaginer que l'homme de néandertal faisait de la poésie

qu'il avait ses propres joutes verbales, son propre slam, ses propres hain-tenys

aussi quand un vieillard mourait c'était une bibliothèque qui brûlait

combien oui combien de bibliothèques ont-elles brûlé depuis la nuit des temps ?

combien d'hommes de souvenirs de coeurs perdus ?

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le talk poem est un poème que david antin fait lorsqu'on l'invite pour une performance

antin cherche avant toutes choses à connaître le public qu'il trouvera, le lieu dans lequel sa performance se déroulera, l'histoire du lieu si modeste soit-elle, la vie, la vie comme elle passe dans le moment où il parle, va parler, parlera

il cherche donc à connaître le contexte dans lequel il exécute, tel un griot,

tel un griot, oui, non,

mais un griot pour qui les noms des hommes leur patronyme et leur identité posent question

on pourrait donc parler à son endroit d'un anti-griot

antin ne dit pas : je vais te raconter qui tu es d'où tu viens quelle est ta légende

antin en tant que griot remet en cause le nom des hommes auxquels il raconte une histoire ou l'histoire

remet donc en cause la notion d'identité telle qu'elle a cours aujourd'hui et hier est courue d'avance depuis des lustres

Ce qu'être d'avant-garde est donc aussi une ontologie

et Antin devrait s'écrire ?Antin ou (Antin)

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force magique du nom : mallarmé en a parlé dans son livre :

quand on m'appelle, je me retourne,

et vous ?

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et vous ?

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trois points de Ce qu'être d'avant-garde veut dire, que je vais aborder :

1 - le poème considéré comme étant un moment à vivre, donc un instant éphémère. Le poème comme éphémèride, décompte des jours et des heures

2 - la question de l'identité, comme mise en place d'un récit que chaque individu se construit pour lui-même : le coût de la vie

3 - ce que les talk poems peuvent devenir, un horizon à la poésie de david antin : la mise en place d'une poétique relationnelle (dans le cadre clinique ou intime)

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1 - Le poème parlé passe comme la parole ou un courant d'air

/

j'ai dit que l'essai poétique de david antin avait pour intertexte, dès son titre, l'ouvrage de bourdieu Ce que parler veut dire

- Dans cet ouvrage, très sommairement, bourdieu montre comment les interactions humaines fonctionnent à partir de cadres de communication inhérents à nos sociétés et à nos cultures

bourdieu montre, entre autre, qu'il peut y avoir une sociostylistique à l'oeuvre, même dans le parler quotidien, à savoir que la parole d'un homme ou de plusieurs peut faire preuve d'une singularité qui la rend poétique

pour antin il y a donc une sociopoétique à l'oeuvre chez tout homme, quel qu'il soit

certaines mineures certaines majeurs

d'un côté le poète villon de l'autre le critique nisard

seulement cette sociopoétique, pour qu'elle garde de sa spécificité, doit, si elle est enregistrée, à savoir retranscrite en livre, cette sociopoétique, donc, doit trouver une écriture plus proche de la notation que de l'écriture proprement littéraire

le livre doit se plier à la forme orale et non l'inverse

un livre dépositaire ou dépôt

chaque heure chaque homme chaque souffle

un blanc est une pause ou un silence

oui, mais aussi que le livre ou l'oeuvre ne soit plus Livre ou OEuvre

si le sentiment du beau doit être, ce sentiment, l'esthétique, doit demeurer une impression,

fugace et non pas immortelle

/

john cage dans silence parle d'une musique belle comme du lait frais, parce que vivante,

il dit que la musique, comme la poésie, ne doit pas être arrêtée dans son flux par des moyens conservateurs,

ou que le bruit d'un camion est aussi beau qu'une école de musique ou beethoven

et antin, à des étudiants d'une école d'art, le memphis art institute :

" et donc je peux comprendre pourquoi vous voulez fabriquer quelque chose qui viendra se présenter encore et encore à l'expérience / une chose qui livrera à chaque rencontre et peut-être pendant longtemps / tout un ensemble d'expériences reliées peut-être riches et mystérieuses et nouvelles / et j'ai de la sympathie pour ce désir / mais d'une certaine manière ce désir en est venu à se confondre / comme vous le savez évidemment / avec l'idée de savoir combien de temps un objet pouvait bien durer / et l'on pourrait véritablement faire l'histoire de cette convoitise des objets qui pourraient durer à jamais / et ce n'est pas pour rien qu'un poète romain bavard a voulu se vanter que sa parole survivrait aux monuments de marbre et de bronze / et que bien des années plus tard william shakespeare / qui avait lu ce poète romain à l'école et écrivait de vifs petits quatorzains / a repris courage à l'idée que quelque seize cents années plus tard / au gré de bien des accidents d'éducation et de transmission / il lisait encore ce poète romain et il a été poussé à traduire cette grande fanfaronnade et à la répéter à propos d'un de ses propres poèmes"

/

la parole n'est plus ce que l'on doit archiver, la parole n'a plus à traverser les âges

comme chez john cage elle devient un mandala que l'on efface

non pas que antin soit zen ou fluxus, mais parce qu'il y a, chez l'homme, d'autres façons de concevoir le temps

et que ces modes de conception du temps, même s'ils sont idiosyncrasiques, sont aussi respectables que les procédures énonciatives mises en place dans l'écriture dite classique

et, face à la parole dite Ecriture, à ce temps de l'écriture ou de la légende, antin avec un petit a, ou ?Antin, oppose une anecdote vécue qui représente sa mère âgée atteinte de la maladie d'alzheimer. face aux lauriers d'un shakespeare ou d'un genet, antin oppose le temps à jamais perdu, la mémoire qui s'effile et s'effiloche, les souvenirs perdus, l'amnésie de sa mère,

et ce qui aurait été pathétique dans la bouche d'un autre homme qu'Antin devient grandeur

oui, la vie n'a pas un seul temps, mais des temps

et chaque temps de l'homme a droit à la même dignité et aux mêmes honneurs

chaque homme est poète

/////////////////////////////////////

2 - La question de l'identité : le coût de la vie

/

il n'y pas de mémoire + et de mémoire -, pas de temps + et de temps -

face à la mort, rien ne dure, tout a droit à une égale dignité

antin a fait son deuil du sentiment de perennité qui travaille encore probablement tel ou tel d'entre nous

égale dignité en tout et pour tout

pas d'idiosyncrasie + ou -

pas de singularité qui tienne, persiste au temps

pas d'idiot, ni de génie

antin parle donc en anecdote, à partir de ses anecdotes, selon contexte et selon public

cela sera ainsi, par exemple, un talk poem où il raconte sa décision de venir habiter à san diego, pour venir y enseigner, lors du départ à la retraite, d'un de ses amis, professeur à NY et critique de poésie.

il y a ici un don, une forme d'hospitalité poétique : ta vie va prendre un nouveau départ, tu as été professeur à New York et, maintenant, tu es en retraite. moi je viens de big apple, et j'ai choisi d'habiter san diego pour y enseigner.

et il va parler de son beau-père, un peintre et poète hongrois qui n'a jamais connu le succès, à cause de circonstances défavorables et de la tournure que prennent certains événements,

du pli des hommes.

/

Ce qui remplace la page, c'est la circonstance, le contexte dans lequel le don poétique s'installe. Pour que ce don poétique ait lieu, il faut avoir, selon Antin, la connaissance des formes sociopoétiques que tel ou tel individu emploie et qui composent son récit.

or, chaque homme a un récit propre, selon lui ; ce récit forme la structure profonde de l'individualité de tel et tel.

il n'y a donc pas une seule ontologie, mais plusieurs

au fond, il y a autant d'ontologies qu'il y a d'hommes.

/

le poéte est donc celui qui découvre le récit que chaque homme rencontré porte

c'est dans le talk poem le prix que le poète révèle sa méthode.

/

a - l'homme est un livre ouvert : son moi s'enracine dans le récit, un nom comme clé de notre identité et une Mana, à savoir, comme dans la sociologie de la communication d'Erving Goffman, une façon de garder la face, de tenir sa face et celle des autres :

" en d'autres termes / nous avons tous un nom / nous connaissons nos noms et nous nous tenons derrière eux et répondons à l'appel de façon cohérente / nous nous faisons une idée de qui nous sommes et de ce qui nous constitue et de ce qui nous est étranger / et nous ne nous ferions pas cette idée si nous n'avions pas eu une série d'expériences qui nous ont convaincus que nous étions la personne qui a fait ci ou manqué de faire ça ou a voulu faire ci ou a eu peur de faire ça / et à bien y réfléchir / j'en ai conclu que la raison pour laquelle je me sers autant d'histoires est que je pense que le moi / quelle qu'en soit la définition / est entièrement produit par la collision entre le sentiment de l'identité et les enjeux du récit"

/

b - l'homme structure le récit qui forme son moi à partir d'un point nodal

il n'y a donc pas seulement des rites d'interaction entre moi et autrui, mais des rites d'interaction de moi à moi. l'enjeu de ces rites est le fait de garder notre individualité intacte et préservée des accidents de la vie.

en ce sens, chaque homme a un point nodal qui est un seuil au delà duquel il ne peut aller, au risque de perdre son identité. ce point nodal est ce qui forme son style propre.

ainsi l'on peut lire dans un homme comme dans un livre, si l'on a cerné son point nodal, à savoir ce qu'il est capable de faire et ce qu'il n'est pas capable.

ce point nodal n'a pas été donné aux hommes dès l'abord, mais dépend de la vie et des accidents que chaque homme rencontre sur sa route. ces accidents forment la voûte sur lequel est bâtie sa personnalité, et telle voûte admet ou refuse un certain degré et/ou une certaine forme de transformation :

"le récit ... est une sorte de fonction psychique / qui fait partie intégrante de l'économie psychique humaine et constitue sans doute un trait universel de l'humanité /

en tout cas nous l'associons à ce qui est humain / et il implique une confrontation particulière et paradoxale

imaginez-vous confronté à l'éventualité d'une / transformation / pensez à un esprit doué de pensée à un sujet quelconque / à un être humain doué de sensibilité / même un être très élémentaire

à un moment donné cet être rencontre la possibilité la probabilité d'une transformation / peut-être est-ce un désastre peut-être est-ce merveilleux / mais en tout cas toute chose qui subit une transformation n'est plus la même / et il y a toujours la menace que tout être qui doit subir une transformation ne se conserve pas au cours d'un tel processus et qu'il cesse d'être sous l'impact de cette transformation"

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ici, david antin oppose la notion de récit à celle d'histoire.
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selon lui, une histoire présente une succession d'événements vécus par une personne, non pas un personnage, un être de papier, mais une personne, une vie.
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et, je sens que, à l'époque du storytelling et du spin-doctor, la pensée petite bourgeoise va lever ses boucliers : "restez-en à la fiction, à la littérature !" oui, la poésie bien confinée dans sa niche, en l'occurrence... cela lit, cela écrit bien gentimment dans sa niche.
passons.
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et l'histoire, par rapport au récit, est ce qui ne change pas radicalement une personne, ce qui fait qu'une personne demeure ce qu'elle est, tandis que le récit présente un accident qui change le moi.
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ainsi, prenons, oui, prenons la vie de henry miller, son arrivée à paris avec june, après new york. eh bien, la vie de henry miller ne change pas radicalement, henry miller demeure le même, jusqu'à 80 ans, malgré la folie qui l'a pris de devenir écrivain, coûte que coûte. la vie de henry miller, c'est du roman picaresque, henry miller, c'est un héros picaresque. rien ne change du moi profond de ce clochard céleste, il peut connaître les pires avanies, tomber dans le plus total désarroi, se retrouver pris dans un guépied, il s'en sort toujours, comme ulysse. l'exact inverse, l'antipode de miller, c'est italo svevo qui a une vie médiocre, ne réussit à rien, mais s'amuse de ce qu'il est.
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le récit, c'est le changement du point nodal, l'accident horrible ou le chemin de damas. c'est l'homme qui voit la mort en face, et cette mort le change. c'est l'avion de joseph beuys qui s'écrase en crimée, la maladie qui s'empare du jeune indigène et fera de lui un medicine man. oedipe constatant qu'il a tué son père et s'est marié avec sa mère est un autre récit. ou l'instant de ma mort de Blanchot, Blanchot racontant comment il a échappé à sa propre fusillade par les nazies à la fin de la guerre :
"Demeurait cependant, au moment où la fusillade n'était plus qu'en attente, le sentiment de légèreté que je ne saurais traduire : libéré de la vie ? l'infini qui s'ouvre ? Ni bonheur, ni malheur. Ni l'absence de crainte et peut-être déjà le pas au-delà. Je sais, j'imagine que ce sentiment inanalysable changea ce qui lui restait d'existence. Comme si la mort hors de lui ne pouvait désormais que se heurter à la mort en lui. "Je suis vivant. Non, tu es mort.""
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cela opère une transformation de la personne tout entière, cela peut opérer une certaine forme d'attaraxie dans la vie et l'écriture d'un homme, comme pour blanchot, mais cela peut aussi ne pas être vu, ne pas être aussi tragique que le "lecteur" voudrait : quelque chose, quelque événement s'est déroulé à un moment donné, un fait-divers absolument impubliable, même pour un journal de proximité, et cette chose, ou cause bien trop ténue pour être dite sans sourire, a provoqué une métamorphose.
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ainsi de candy, une collègue de travail de david antin. antin parle de candy, lors d'une performance qu'il a effectuée dans un institut de poésie à san fransisco, en 1973 ("Qu'est-ce que je fais ici ?", in Poèmes parlés, éd. Les cahiers des brisants, Clamecy : 1984). qu'est-ce qu'antin nous dit de candy ? quelle était sa vie ? qui était-elle ? quel travail effectuait-elle avec antin ? tout ce dont le poète nous informe est ceci : candy est une espèce de mère courage qui vit seule, sans mari, et elle est souvent obligée d'aller au commissariat de police à cause de ses enfants. candy parle quelque fois à antin de ses déceptions amoureuses au travail et antin l'écoute.
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certaines personnes, autour de nous, passent plus facilement aux aveux que d'autres. il leur semble que leur vie même se doit d'être transparente aux gens qui font partie de leur quotidien et témoignent d'une forme d'innocence dans les rapports humains, ou bien certains liens de sympathie se nouent entre voisins, entre connaissances et collègues, et certains faits et gestes, qui font partie de l'intime, sont dévoilés sans frein. donc, candy parle d'une de ses déceptions amoureuse à antin et antin ne comprend pas la raison pour laquelle candy lui dévoile une telle affaire : son dernier amant avait trois cerises tatouées sur sa queue, raison pour laquelle candy l'a chassée de son lit. -- pourquoi candy raconte-t-elle ceci ? se demande alors antin durant son talk poem. pourquoi ? l'histoire, telle qu'elle nous est donnée, paraît si sordide et, dans le même temps, si saugrenue qu'antin semble avoir honte de lui donner même le sens et la valeur d'histoire. comme si la vie nous jouait des tours et que le sort de chacun d'entre nous ne pouvait pas correspondre à ce qu'on attend généralement d'une histoire.
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le vraisemblable.
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la forme physique d'un homme ou la forme de sa vie ne correspond pas à nos attentes, le pli que prend une vie sort des sentiers battus à mesure qu'on s'en approche.
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l'on peut naturellement parler de l'expérience limite qu'a vécue blanchot à la fin de la seconde guerre mondiale, de son arrêt de mort qui est, dans le même temps, son arrêt de vie ; on peut faire l'exégèse de la tragédie blanchot, et l'on peut aussi faire celle de la tragédie candy. Mais, dans quelle case notre pensée occidentale mettra-t-elle la vie de candy, incapable de choisir un homme ayant "une tête sur les épaules" ? dans quelle case, la vie d'une femme incapable de choisir un homme qui ne soit pas, dans le même temps, un enfant ; un homme considérant que son sexe, comme sa libido, n'est pas seulement une "griotte" ?!
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selon antin, le pli, ou point nodal, qu'a vécu blanchot, lors de la fusillade et à laquelle il a échappé, est aussi tragique et aussi baroque, que le pli qui a fait que candy s'est reconnue en une histoire scabreuse, au point de vouloir, ou de devoir, raconter cette histoire à antin. pour le poète, l'exégèse que l'on peut apporter à l'expérience qu'a vécue blanchot n'est pas plus littéraire et philosophique, n'est pas plus digne d'intérêt que celle, qu'a vécue candy, n'est psychologique ou clinique. Chaque homme a une histoire qu'il a intériorisée et qui le révèle à lui-même et chaque histoire n'est pas plus noble, digne ou indigne qu'une autre. C'est la spécificité de telle ou telle histoire que le poète a à trouver, sa littérarité, son étrangeté-même : son moi.
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(à suivre)






mardi 25 mai 2010

The Random Syndicate

The Random Syndicate

Mise en circulation d’actions poétiques passées, présentes et futures

Étude et prospective d’événements nouveaux

Cabinet des curiosités

Pretty things

HOAX

Hasard

*

THE RANDOM SYNDICATEprésente

le poète Saïd Nourine pour la sortie de son livre Sauf si parmi l’excès.


Lecture de Quatrains

du poète soufi Omar Khéyam :

« Toi qui ne bois pas de vin, ne blâme pas pour cela les ivrognes, car je suis prêt, moi, à renoncer à Dieu, s’il m’ordonne de renoncer au vin.

Tu te glorifies de ne point boire, mais cette gloire sied mal à qui commet des actes cent fois plus répréhensibles que l’ivrognerie. »

Pour notre agape, poètes, musiciens et bouteilles de vin sont les bienvenus.

Le vendredi 28 mai 2010 à 20 h 00, galerie Nu Koza.

Galerie Nu Koza,

16, rue Charlie Chaplin,

quartier du Petit-Cîteaux,

21000 Dijon.

06.84.59.83.39

dimanche 16 mai 2010

Jean Genet : Portraits en creux

Fabien Lédé

La ville d'Avallon expose le collectif Nu Koza,
dans le cadre de l'année Jean Genet.

Du 17 mai au 6 juin 2010

Les abattoirs - rue de Lyon - Avallon (Yonne)

infos/www.nukoza.com/info@nukoza
06 86 59 83 39

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Les artistes

Fabien Lédé (placticien)/Okiko & Tzigali (plasticiens)/ Maxime Grossier (photographe) / Api (plasticienne) / George Thiéry (peintre) / Florian Rosier (créateur verrier) / Nomis (dessinateur) / Chrisrophe Mandron (photographe) / Frédéric Beauvais (dessinateur) / Nicolas Orange (plasticien) / Jérôme Paul Carré (plasticien) / Aurélie Gérardin (poète, musicienne) / Les éditions du murmure : présentation de livres choisis)


Soirée du vendredi 21 mai

Vernissage à 18 h 30
Lectures (Chloé Malbranche, Georges Thiery, Aurélie Colas, Stéphan Castang, Jean-Luc Bourdon, Aurélie Gérardin, Karine Amiot)
Vidéo-projection de "Jeunesses françaises", Stéphan Castang
Concert, musique expomentale (Les cordes absentes)


Soirée du samedi 22 mai

Vidéo-création, Romance du crime (1887-2010) (Bruno Lemoine, Big-mik)
Action littéraire et concert (Jean-Luc Bourdon, Les cordes absentes)
Improvisation sonore, performance artistique (Big-Mik vs Starclash, George Thiery vs Max Tobias vs Nomi)



Romance du crime (1887-2010),

Vidéo-création (Bruno Lemoine), musique (Big-Mik)

En 1887 le docteur et criminaliste italien Cesare Lombroso publiait les Palimpsestes des prisons.

L'ouvrage se composait d'écrits de prisonniers italiens : des graffitis relevés sur les murs
des cellules, sur des cruches, des tatouages, des billets... Les textes sont violents, bruts, acerbes,
rageurs, souvent désespérés.

Cesare Lombroso a, comme Genet, écrit le roman du crime, mais ce "romancier" employant la vie des prisonniers a instrumentalisé ses sources en vue d'étayer ses thèses en criminologie : soit "L'Uomo delinquente", l'homme né criminel, l'"âme" ou le "gène" du criminel. Face au milieu carcéral et aux voleurs et criminels décrits par Genet dans ses textes, il y a le monde carcéral et les criminels que Lombroso "auscultait", épiait, espionnait. Face à la postérité internationale de l'oeuvre de Jean Genet, il y a la postérité internationale du criminologue Lombroso... L'histoire se poursuit aujourd'hui, la romance du crime se poursuivra demain...

(Les palimpsestes des prisons de Cesare Lombroso ont été publiés par les éditions Allia à Paris en
2002, sous le titre Vivent les voleurs)

Bruno Lemoine est auteur, il a publié deux romans aux éditions Al Dante, Matachine et L'après-journal
Nijinski.