jeudi 15 février 2018

Revue INTER Art Actuel - n° 128



Je suis dans le nouveau numéro de la revue art contemporain et performances de Montréal INTER, avec un article sur le poète et musicien anglais Genesis Breyer P. Orridge, intitulé "Éloge du Pandrogyne".

Pour commander la revue, cliquez ici :


Bonne lecture !

samedi 10 février 2018

Martingale - VII -


Martingale du poète





ALEPH FONGIBLE
ELEPH FONGIBLA
ELBPH FONGIELA

ELBIH FONGPELA
ELBIG FONHPELA

ELBIG FNOHPELA
ELBIG ANOHPELF






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Soit une suite d'images trouvées sur Internet à partir du protocole de recherche inventée par l'artiste Stéphanie Vidal pour son "Histoire de l'art algorithmique". 

Le protocole de Stéphanie Vidal pour "l'histoire de l'art algorithmique" est le suivant : choisir, au moyen du moteur de recherche "Google Images" une oeuvre d'art, en chercher la première image similaire, puis la première image similaire à celle-ci, jusqu'à obtenir dix images. La dernière image obtenue est titrée comme l'oeuvre qui a initié ce parcours.

Dire aussi, avant de commencer cette nouvelle martingale, que Google emploie un algorithme spécifique pour trouver sur "Google Images" des images similaires à une oeuvre d'art qu'un usager recherche. 

S'ingénier, alors, à employer le protocole de recherche de "l'histoire de l'art algorithmique" sur son inventrice, Stéphanie Vidal elle-même :

- Voici le premier portrait photographique trouvé avec l'application "Images Similaires" de Google, à l'entrée "Stéphanie Vidal".  Cette photographie provient du réseau professionnel Linkedin :



          Cette photographie n'est, cependant, pas celle de l'artiste de l'histoire de l'art algorithmique Stéphanie Vidal, mais d'une autre personne ; cette personne homonyme travaille à l'Unicef à Montréal au Québec.


         Mais le deuxième portrait photographique à l'entrée "Stéphanie Vidal" sur Google image est bien celui de l'artiste et chercheuse à l'origine de l'histoire de l'art algorithmique :



          Le portrait provient d'un site Internet "Girls in web", qui est un réseau professionnel d'expertes de l'outil Internet.

          Le dixième portrait, que j'appellerai "Stephanie Vidal - Content Strategy + Audience Engagement", selon le protocole "Algorithm Art History" initié par la jeune artiste, est le suivant :

Stephanie Vidal - Content Strategy + Audience Engagement

       Cette Stéphanie Vidal, aux dires du réseau professionnel Linkedin, est manageuse ("General Manager at Fairfield Inn LaGuardia Flushing"), et elle habite New York. 

             La dixième image de Fernando Pessoa trouvée, aujourd'hui samedi 10 février 2018, sur Google Images est la suivante :


Résultat de recherche d'images pour "Fernando pessoa"

                      Cette photographie de l'inventeur des hétéronymes se trouve sur Wikipédia à l'entrée "Fernando Pessoa" et elle a pour légende : "Fernando Pessoa à quarante ans, martyr de la génération montante des modernes."

                       Que fait Fernando Pessoa à quarante ans ? Nous sommes en 1928, Fernando Pessoa est comptable et il écrit Bureau de Tabac. Pessoa vit dans un petit meublé, au premier étage d'une maison de Lisbonne, à la fenêtre de laquelle il voit un bureau de tabac. Pessoa, à quarante ans, aujourd'hui, fume une cigarette à sa fenêtre et il regarde, en bas, le buraliste qui fume, lui aussi, au seuil de son magasin. Pessoa se dit que ce buraliste est plus heureux que lui, Pessoa, puisque cet homme a sa vie résumée à ce qu'il a, à ce qu'il est, tandis que lui, qui est écrivain, a une vie intérieure intense qui le force à un travail d'écriture depuis nombre d'années, qui n'est connu, reconnu que par deux ou trois lecteurs. L'ingratitude de sa situation, de la situation de l'écrivain, le taraude. Comment, se demande-t-il dans Bureau de tabac, comment moi, qui sais que le moi est multiple, moi qui ai fait l'expérience, dans mes textes, de la multitude de mes mois, je vaux moins que cet homme, en bas, propriétaire de son commerce, de son fond, persuadé d'être ce qu'il est, s'imaginant unique et non fongible, pas plus pas moins ?

                         Pessoa écrit alors dans Bureau de tabac : comment un marchand de fumées, un marchand de sommeil, un marchand de clopinettes, persuadés de leur ipséité, puisque leurs pères les a reconnus comme étant sortis de leurs bourses, comment peuvent-ils être plus connus, plus reconnus que moi ? Comment un buraliste, de par sa seule présence, là, en bas de chez moi, me ramène à moi, réduit à ce fond commun : son commerce et ma paillasse, l'une en face de l'autre ? Comment tout cela est possible ? Comment tout cela a un sens ? Comment ce monde tient ?

                         Ce monde tient pourtant. Ce monde tient, voilà tout.

Résultat de recherche d'images pour "fernando pessoa bureau de tabac"
Benoit Lemoine, peintre : page de "Bureau de tabac" de Pessoa...