mardi 26 juillet 2011

Première intervention d’Alcibiade



Buste d'Alcibiade



/Reprenons, voulez-vous, notre histoire au début,

commence donc Alcibiade.

Toujours au début, reprenons à l’orée, à l’origine,

− Ostinato !

L’attaque crin contre corde,

le geste mille fois recommencé.

/Crin co/

ntre cordes/

Crin co/

ntre cordes/


L’archet !

Cette histoire, finalement,

questionnant les débuts, est sans fin.

Le conteur a raison, en un sens,

qui attaque la narration

abrupto :

Une fois se passe, il était une fois, affirme-t-il,

mais quand ?


Embrayons tout de suite, laissons vite le début là où il est,

poursuit maintenant Alcibiade,

demeurons imprécis sur les commencements.


La vie suit son cours,

choisissant les mêmes sillons,

creusant les mêmes ornières,

toujours.


Nous sommes embarqués,

c’est la vie,

c’est comme ça,

disons-nous,

ça fait une expérience,

disons-nous.

On n’en sort pas,

on écule les lieux communs,

chacun son tour,

avançant dès qu’il sait marcher,

prenant son pied, sinon.

C’est notre lot.


Dès lors, à quoi bon espérer si l’univers est le même pour tous,

et que nos destins sont tracés de toute éternité ?

À quoi bon rêver,

si le vol libre des images & une pensée nouvelle sont impossibles ?

À quoi bon le jeu, la poésie, l’enfance de l’art,

si tout est à sa place, fixée dans son cadre, depuis toujours ?

À quoi bon même la pensée de notre mort prochaine ?


Mais, si le monde fait un miel changeant,

est lui-même ce miel,

comme le sable est façonné par les flots,

la mer sculptée sous les vents,

alors tout est libre,

et le temps vécu par chaque homme est aussi bon qu’un autre.

Si l’espace, à chaque hui, se construit,

si rien n’est donné,

alors nous ne sommes jamais dans le même lit,

mais nous courons couchés sous des draps sans bord

& creusons & frappons à des portes battantes.




//Reprenons notre histoire au début, voulez-vous ?

commence donc Alcibiade.

Rien ne sert de compter, nous ne savons rien.




///Reprenons notre histoire au début, voulez-vous ?

commence donc Alcibiade.

Rien ne sert de compter.




////Reprenons notre histoire au début, voulez-vous ?

À quel moment établir que le corps du nourrisson n’est plus relié à celui de sa mère ?

La question a-t-elle un intérêt ?

OUI NON

Répondez à la question.

OUI NON





/////Reprenons notre histoire au début, voulez-vous ?

− Clampage du cordon après l’accouchement, section du cordon ombilical, après clampage. −

La phrase précédente a-t-elle un intérêt ?

OUI NON

Apporte-t-elle une lumière nouvelle à nos considérations sur la vie ?

OUI NON


À quel minimum nous en tenir, afin de déterminer l’instant

où la mère n’est plus l’enfant

& l’enfant, la mère ?

Y a-t-il un minimum absolu,

ou un minimum subsiste-t-il,

tant que l’ombilic n’est pas coupé par les ciseaux de la sage-femme ?


Un hiatus,

par lequel la mère & son nourrisson ne seraient pas 2, mais 1

serait-il possible ?


Un moment d’hypostase,

de miracle total,

un vide au milieu de tout,

flash ou cusp intégral…

… possible ?


Un trou béant là, avant que la mère soit la mère

& l’enfant, l’enfant ?


Une sorte de neutralité des êtres, passant sur un vingt-cinquième seconde…


… passant[

[Une s .p. or .a. te de n .s. eutralité des .s. êtres, p .s. assant sur un .a. vingt-cinquièm .n. e seconde .t. .]

]passant…


− Non, dirions-nous pourtant, à l’instant-limite,

il n’y a pas de mère & il n’y a pas d’enfant,

ou,

la vision que nous avons de la mère & de l’enfant est arrêtée,

ne porte sur aucun contour précis,

mais il y a bien une mère et il y a bien un enfant,

cela ne fait aucun doute.

Enfin,

ou tout l’un ou tout l’autre,

ou bien les deux,

et, finalement,

les deux solutions,

opposées pourtant l’une à l’autre,

seraient vraies !


C’EST ÉVIDENT !


La mère et l’enfant formeraient un seul et même être, ils seraient devenus une créature à part entière, ni homme ni femme, pourtant, mais la neutralité des genres homme et femme prise dans l’instant.


La scissiparité serait donc la forme accomplie des cellules,

elle est la forme accomplie des cellules.

Il n’y aurait pas une cellule créant une autre cellule mais,

au moment du cusp ou catastrophe,

selon la topologie du mathématicien René Thom,

la dyade prendrait le pas sur les deux monades.

Il n’y aurait donc pas de reproduction du vivant qui tienne,

mais,

dans la seconde où la reproduction a lieu,

dans cet instant même,

la vie se conserverait,

unique,

par le grossissement du volume de ses tissus.


LE TEMPS ZÉRO, LE VRAI TEMPS !


Dans l’instant même, nous ne sommes ni hommes ni femmes, mais un genre neutre, un vide au milieu de tout & le temps 1, 2, puis 3 est un reste, une chose, un riquiqui, un rien du tout de ce temps zéro & cela nous amuse de voir comment des hommes & des femmes se figurent être des hommes & des femmes à part entière, cela nous amuse de voir combien ils ont raison. ET nous leur donnons raison, nous voulons même dessiner pour eux, le plus sérieusement possible, la forme que leur vie prendra après leur mise au monde & nous voulons leur dire : "Vous avez raison !" Nous voulons même faire le schéma de leur motif.


Schémas 1 & 2 :

- Schéma 1 : espace externe du système S correspondant à l’organisme [Mère + Nourrisson] : espace avec fronce. L’origine de la fronce correspond à la section de l’ombilic (ou cusp) : espace de l’ontogenèse.

- Schéma 2 : espace interne du système S : espace de l’embryogenèse.

Le cusp est le point, visible au centre du schéma 2, qui relie l’espace interne et l’espace externe et à partir duquel l’espace se fronce. Il correspond au moment où l’organisme de la mère est physiquement coupé de l’organisme de l’enfant, par section du cordon ombilical après l’accouchement.

1 :

2 -


C.Q.F.D. !

VOUS AVEZ RAISON !

BRAVO !

VOUS POUVEZ REJOUER !

jeudi 21 juillet 2011

Le bout des bordes - Revue


Donc, last but not least, j'ai appris que je suis, depuis juin 2010, dans la revue Le bout des bordes du poète Jean-Luc Parant, au milieu de beaucoup d'autres...

Présentation :

Jean-Luc Parant publie "Le journal du Bout des Bordes" depuis 1975. Journal de bord de sa vie, de ses œuvres, de ses rencontres, des œuvres de tous ceux qu’il croise et dont le travail l’interpelle. Plongée dans un univers qui satellise un nombre considérable d’auteurs et d’artistes autour de Jean-Luc Parant. Publié annuellement de 1975 à 1978 sous la forme d’un journal quotidien, "Le Bout des Bordes" paraît en 1980 sous la forme d’un numéro spécial de la revue "Obliques", avant de reparaître depuis 2003 sous sa forme actuelle, celle d’une revue moderne proche du livre d’art.

Le Bout des Bordes N° 11/12/13/14

Le journal de la Maison de l’Art Vivant

Revue collective sous la direction de Jean-Luc Parant.
Principaux collaborateurs : Frédéric Acquaviva, Laurent Cauwet, Kristell Loquet, Virgile Novarina, Marie-Sol Parant.
Actes Sud éditeur
ISBN : 978-2-7427-9186-6

Merci Monsieur Parant...