mercredi 18 mai 2011

George Brecht (1927-2008)

George Brecht

Après des études scientifiques, l’américain George Ellis MacDiarmid devient chimiste et il étudie, dans les années 50, les applications du hasard en art et en mathématiques. En 1955, il commence à utiliser des procédures aléatoires dans des dessins et dans des tableaux. Il change, dans le même temps, son nom pour celui de Brecht, et il a, à l’époque, l’idée de modifier son identité chaque année, en utilisant le hasard dans le choix du patronyme qu’il portera.


Un tel projet suscite d’emblée une remarque importante : il est, encore de nos jours, difficile de concevoir qu’un artiste débutant choisisse de changer sa signature, d’un tableau à un autre ou d’une installation à une autre. Quel intérêt aurait un artiste de brouiller, incontinent, les pistes, alors même qu’aucun critique n’est là pour témoigner de sa démarche ? Il semble assez peu vraisemblable que Brecht ait pu accéder à la notoriété qu’on lui connaît en entamant ainsi sa carrière artistique, d’autant plus que son nom était facilement assimilable, dans les années 50 à New York, à celui du dramaturge allemand, dont l’œuvre est radicalement différente de la sienne. Il ne s’agissait donc pas, pour Brecht, d’un caprice ou d’une excentricité, mais d’un parti pris qui devait toucher son parcours de vie, un parti pris lié, en somme, à ce que la notion de hasard, comme fondement de nos existences, avait eu, pour lui, d’heuristique.


Pourtant, très rapidement, la reconnaissance arrive : George Brecht rencontre Maciunas et il devient progressivement l’artiste Fluxus que l’on connaît. Brecht accédant à la notoriété, seuls ses tableaux, ses boîtes-objets, ses happenings et ses events changent, son nom ne changera plus : artiste il est, artiste il restera...


S’il y a un paradoxe avec Brecht, il se trouve à l’orée, au commencement, là où, comme pour fluxus, dada et le surréalisme, l’art et la vie devraient pouvoir se rencontrer. George Brecht commence son travail par un véritable manifeste, et ce manifeste n’est ni poétique ni artistique, mais proprement ontologique. Ce n'est pas l'art ou la poésie qui devait changer, selon Brecht, mais la vie de l'artiste. Proprement, sa vie !



Nous allons maintenant chercher à prolonger le geste du Brecht de 1955, en utilisant, pour chaque nom, une procédure automatique opérant une indexation des noms de façon aléatoire.



George Uyemoto (1956)Tout cela reste de la poésie.

George Blagg (1957)Tout cela reste de la poésie.

George Greenwood (1958)Tout cela reste de la poésie.

George Vue (1959)Tout cela reste de la poésie.

George Rushlo (1960)Tout cela reste de la poésie.

George Villa (1961)Tout cela reste de la poésie.

George Steffani (1962)Tout cela reste de la poésie.

George Warren (1963)Tout cela reste de la poésie.

George Uribe (1964)Tout cela reste de la poésie.

George Strout (1955)Tout cela reste de la poésie.

George Stockman (1966)Tout cela reste de la poésie.

George Lomba (1967)Tout cela reste de la poésie.

George Torres (1968)Tout cela reste de la poésie.

George Russel (1969)Tout cela reste de la poésie.

George Saiz (1970)Tout cela reste de la poésie.

George Sheldon (1971)Tout cela reste de la poésie.

George Shanks (1972)Tout cela reste de la poésie.

George Onwing (1973)Tout cela reste de la poésie.

George Ochoa (1974)Tout cela reste de la poésie.

George Hackman (1975)Tout cela reste de la poésie.

George Harvey (1976)Tout cela reste de la poésie.

George Goodwin (1977)Tout cela reste de la poésie.

George Perry (1978)Tout cela reste de la poésie.

George Onit (1979)Tout cela reste de la poésie.

George Mello (1980)Tout cela reste de la poésie.

George McCuteon (1981)Tout cela reste de la poésie.

George Heza (1982)Tout cela reste de la poésie.

George Beasley (1983)Tout cela reste de la poésie.

George Stocker (1984)Tout cela reste de la poésie.

George Tellimy (1985)Tout cela reste de la poésie.

George Merino (1986)Tout cela reste de la poésie.

George Miller (1987)Tout cela reste de la poésie.

George Queen (1988)Tout cela reste de la poésie.

George Lee (1989)Tout cela reste de la poésie.

George Mille (1990)Tout cela reste de la poésie.

George Dexley (1991)Tout cela reste de la poésie.

George McKinley (1992)Tout cela reste de la poésie.

George DeSembro (1993)Tout cela reste de la poésie.

George Advento (1994)Tout cela reste de la poésie.

George Graham (1995)Tout cela reste de la poésie.

George Stark (1996)Tout cela reste de la poésie.

George Marshalls (1997)Tout cela reste de la poésie.

George Deskent (1998)Tout cela reste de la poésie.

George Stein (1999)Tout cela reste de la poésie.

George Smith (2000)Tout cela reste de la poésie.

George Godwin (2001)Tout cela reste de la poésie.

George Harrison (2002)Tout cela reste de la poésie.

George Gadd (2003)Tout cela reste de la poésie.

George Weaver (2004)Tout cela reste de la poésie.

George Liu (2005)Tout cela reste de la poésie.

George Bylett (2006)Tout cela reste de la poésie.

George Chalk (2007)Tout cela reste de la poésie.

George Chapman (2008)Tout cela reste de la poésie.


Tout cela reste, en somme, de la poésie ou de l'art. Rien n'a changé, de la vie de Brecht, jusqu'à sa mort en 2008. George Ellis MacDiarmid était chimiste, George Brecht était artiste. Brecht n'aurait-il pas pu, au moins, changer de métier tous les cinq ans ?

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