dimanche 27 mars 2011

Notes sur les ondes AM

Wall°ich, Transapparences

L’espagnol et l’italien produisent des effets de rythmes vocaux juxtaposés, couplés au parasitage (pas désagréable, comme un buzz dans une ruche, en fait), puis des effets de répétition de sens.



Plusieurs fois, ce soir, j’ai reçu des signaux de la « muerte » sur FM, une chanson. J’ai eu des canons de voix de femmes sur AM. Les femmes répétaient « muerte » sur un ton de colère, comme si plusieurs sources d’émission, points non stables, noirs comme des yeux noirs, se querellaient au loin…



Ce soir, je voulais faire le test de « il y a quelqu’un » avec la radio, et c’est la « muerte » qui répond, parce qu’hier toutes les présences, en l’absence de Cansonetta, étaient parties.



Alors, cohabitant avec une « muerte » apprivoisée (sans peur, car elle est le substrat d’un vrai chant andalou), j’ai retrouvé ma poésie.



Quels sons ? Des spiritualités altérées, des langues atteintes d’une espèce de profonde maladie, enrayées, trop rapides (dans le style « Runaway train ») --- Je pense à quelque chose qui aurait toujours été en deçà de la musique et dont la musique ne serait depuis longtemps que l’ « equalizer ».



Ici se livre une guerre d’ « equalizers » : les voix, les langues n’ont pas les mêmes « equalizers ».



Babel n’est sans doute pas seulement une question de sens. Un petit bout de nouvel Hébreu. Je devine un peu le mystère des runes, le geste graphique d’Amergin, mais réinventé. C’est la recherche des pauvres. Le reste du monde navigue sur Internet !



J’ai peur. C’est la première fois que j’entends AM. Est-ce que cela existe à côté de FM ? Il y a même des collisions musicales ; au milieu d’une parole en plein effort, voici une flaque de musique indienne qui vient tout calmer, puis des percussions.



La vibration qui émane de « muerte » gagne les mains ; on l’entend, on la perçoit d’abord avec les mains. Elle est vivante et c’est comme une puissante incitation à écrire, un ordre vers le geste.



Plaque tournante d’intermèdes musicaux : ils entrecoupent les voix ; alors les voix changent de langues. Ces intermèdes sont de sources différentes, et puis soudain il y a un bruit d’hélicoptère.



L’anglais domine tout cela « pour donner le change », mais il s’agit d’une autre langue. Est-ce un code ou un langage ? Les consonances semblent latines et nordiques (labiales, voyelles chantantes, sons gutturaux) Et si c’était du basque tibétain !



Comme d’habitude, c’est moi qui écope et lave, en écrivant, ces irruptions vocales, pour que quelqu’un puisse en extraire quelque signification fascinante. Tu n’es que ma vibration.



Est-ce le fantôme de la mondialisation que je perçois, ce soir, sur AM ?



La musique la plus pure, la plus traditionnelle, semble arrachée à des cacophonies de voix humaines qui ne parviennent pas à s’accorder. Mais la musique, profondément, la musique existe, pour accorder les voix, en traversant le monde, et les mondes.


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