dimanche 29 novembre 2009

Sur l'utopie//Protée



Comme il y a trop d'écrivains, trop d'artistes et pas assez d'utopistes, j'ai décidé de passer à la vitesse supérieure.



Le 13 novembre 2009, je reçois une lettre du Centre régional de Bourgogne qui me propose de rédiger ma propre fiche "auteur".

Comme, pour moi, l'identité est un frein à la liberté, puisque celle-ci ne permet pas à l'homme d'accéder à une péréquation des vies, seule capable de le métamorphoser, la semaine dernière, j'envoie la fiche suivante :

"Le principal travail poétique de l'auteur "Bruno Lemoine" concerne les rapports et les différences entre la notion sociale d'identité et la liberté.


L'auteur "Bruno Lemoine" s'arroge ici le droit de donner des éléments bio et bibliographiques qu'il aura préalablement choisis, selon cycle régulier, séculier ou fantaisiste, calendrier grégorien & martien, temps réel & imaginaire.

Sur le site internet 1 de l'auteur "Bruno Lemoine" (voir fiche identité ci-dessus), vous pouvez voir une présentation de son travail aux éditions al dante. Le portrait photographique montré dans cette fiche de présentation n'est pas le sien, mais celui de l'Homme-objet, un artiste performer français, qui a aussi deux autres noms, Made in Eric et Eric Madeleine. L'année de naissance, inscrite dans la fiche de présentation : "Bruno Lemoine" aux éditions al dante, est aussi inventée.



Des données bio et bibliographiques sont inventées.

Le dernier ouvrage publié par l'auteur "Bruno Lemoine" aux éditions al dante, L'après-journal Nijinski, est un roman utopique qui permet de mieux saisir tout l'enjeu poétique et éthique du travail de "Bruno Lemoine". L'après-journal Nijinsky est le journal d'un danseur étoile, Etienne, qui voudrait être Nijinski, ou "Fou de Dieu". Le danseur Nijinski a été nommé "Fou de Dieu", parce que, dans ses cahiers, il se prenait pour Dieu.

Dans L'après-journal Nijinski, le narrateur Etienne invente une utopie, dans laquelle chaque individu peut être ce qu'il entend, même Dieu. Un extrait du roman utopique L'après-journal Nijinski est mis en ligne sur le site des éditions al dante.

L'auteur : "Bruno Lemoine" considère que l'individu est une construction culturelle et sociale qui reste à inventer. Pour ce faire, il faut que la société et le système administratif des pays donnent le droit à chaque homme de disposer de son identité. Le krach, l'échec des modèles "mondialisation" ou "alter-" ou "anti-mondialisation", la crise des valeurs familiales et de l'amour rendent nécessaires la réalisation d'un tel projet utopique. Nous n'avons jamais été si peu libres, de part le monde, puisque nous n'avons jamais été aussi peu différents.


Bibliographie

Matachine ou le lecteur enchaîné, roman, al dante, Paris : 2006
L'après-journal Nijinski, roman utopique, al dante, Paris : 2008

La vie des insectes, nouvelle, revue Nioques, Le mot et le reste, Marseille : 2008

Textes littéraires pour le journal poétique Res poetica, new al dante, Limoges, 2007
Textes littéraires et philosophiques pour Abondances le journal d'une installation artistique de l'artiste Alfred Garapethian en février 2008, à la galerie municipale de Vitry-sur-Seine.



Actions poétiques et performances

Action poétique avec le performer Eric Madeleine à Dijon en décembre 2007, L'après-journal Nijinski
Installation et performance d'Eric Madeleine et Bruno Lemoine, Journée du patrimoine de Vitry-sur-Seine, Pompino la sucette qui rend beau, septembre 2008.
Action poétique avec Eric Madeleine, Soirée Manifesten, Théâtre de l'union, Limoges : Texte aux encordés, décembre 2008.
Actions poétiques dans le cadre du festival de performance Le NIPAF au Japon, février 2009.


Chantiers littéraires, poétiques et artistiques

Création d'un recueil de poètes contemporains, L'homme approximatif, avec le poète François Dominique.
Ecriture d'un roman participatif, Le livre ouvert. Bourse à la création du CNL pour le projet Le livre ouvert (décembre 2008)
Mise en place d'un collectif de performers sur Dijon, The Random Syndicate. Actions artistiques mensuelles, depuis septembre 2009, à la galerie Nü Koza (Dijon) "


Ma fiche identité "Auteur" n'a, évidemment, pas eu de suite.



Je demande que, au moins, dans le domaine dit "culturel et artistique", un auteur et un artiste aient la liberté de choisir l'identité qu'ils désirent.



Vous serez informés, en tant et en heure, des différentes démarches que j'aurai effectuées dans les semaines à venir.


Protée

dimanche 22 novembre 2009

Tantale 2009



Poésie sonore avec sample de gargouillis d'estomac (diffus, puis progressivement crescendo), une corde pour celui qui la prononce et nombre de sandwiches sur scène et dans le public...



…Il faut manger

…J’ai faim

…J’entends la cloche

…Il faut sonner

…J’ai l’accord de ma mère

…J’ai l’accord de mon père

…J’ai la corde dans les mains pour ça


J’ai la corde



N’entendez-vous pas les sirènes ?


N’entendez-vous pas les sirènes ?



C’est mon estomac

C’est mon estomac

ce gargouillis

Ce n’est pas moi

C’est mon estomac

Je ne suis pas ce que je mange

J’ai toujours été clair avec cela

Je ne suis pas


N’entendez-vous pas les sirènes ?


N’EN-TEN-DEZ-VOUS-PAS-LES-SI-RE-NES ?



La tête oscille en un cil d’avant en arrière

Elle exécute sa danse en même temps que la salive

Le vide la mâche

Elle devient elle-même le cochon saigné

Le cochon perdu dans une poche sous vide

Le remords aux dents la langue saigne

Nous ne sommes pas ce que nous mangeons

D’ailleurs nous ne mangeons pas mais nous causons


N’est-ce pas ?


N’est-ce pas ?


…Vous m’entendez ?…


…VOUS M’EN-TEN-DEZ ?…




La salive nous gagne elle attelle son havresac

Longue remontée des morts dans les ventres

Comme des vents nos ventres des tombeaux

Long soufflet résurgence vide au milieu toujours

Les corps de ce que nous avons mangé reprennent vie


Le flot des espaces marins

La liste interminable des parasites sous nos peaux


Nous sommes tel ce peintre ami de Modigliani

Nous ne mangeons pas durant trois jours

Pour mieux peindre nos modèles


La langue saigne…

Nous sommes tel ce peintre…

Nous rentrons nos ventres dans les ventres de nos modèles

Et nos modèles se mettent à parler

Leur langue traverse la voûte où nous espérons monter

Un gargouillis de mots étoile la cime


Nous mangeons…


Nous mangeons…



Nous prenons les mots pour un festin

L’agape des mots brocardée devant nous

Nous mangeons le mot chair

et le mot chair remplit nos ventres


Tel un son perdu émis d’intestins ventriloques

Nous mangeons

En ce moment précis nous mangeons

En ce moment exact et précis que j’appellerai l’instant I

Nous mangeons

Et I devient l’instant où manger et être mangé est égal



Une cloche sonne l’offertoire

L’assemblée des gueux attend aux portes des églises

Un mendiant indique l’heure au centre d’un cadran solaire

Les religions passent

Les prêtres changent de peau

Le pain résonne toujours

Se voit de loin

Et mange les yeux des foules qui ont faim







…Il faut manger

…J’ai faim

…J’entends la cloche

…Il faut sonner

…J’ai l’accord de ma mère

…J’ai l’accord de mon père

…J’ai la corde dans les mains pour ça

J’ai la corde




N’entendez-vous pas les sirènes ?


N’entendez-vous pas les sirènes ?




Sous les intestins la voûte des haruspices

Annonce la liste des courses parachutées d’en bas

Et dans les greniers du monde la viande des dieux

Commande aux scribes des prières nouvelles



N’en ont pas assez

n’en ont jamais eu assez

N’en ont pas assez

n’en ont jamais eu assez



Le spectacle pleure héraut du énième tohu-bohu la boucle

Un présentateur déclame :

« Les traders se sont trompés. »


KRACH !


Je répète :

Le spectacle pleure héraut du énième tohu-bohu la boucle

Un présentateur déclame :

« Les traders se sont trompés. »


KRACH !




Je répète…





Chantant la corde au cou le souffle court

Le poète Ghérasim Luca est exilé de force en Israël

Le souffle Ghérasim court dans une grotte pour ne pas être enrôlé vivant

Non enrôlé vivant sous

un nom

une bannière

une étoile


Les yeux se ferment sur le long enroulement des vies

Le souffle est rentré dans des casemates

Le réduit des corps

L’espace bien établi entre vous et moi


Nous ne nous touchons plus

Nous préférons la caresse des mots à celle des hommes

Le cerne des mots

& le choix du partenaire


Nous aurons des enfants entre nous

Et ces enfants ressembleront à leurs parents

Les garçons mettront les pieds sous la table

Et les filles se cacheront sous les jupes des mères et le lit du sultan


Nous sommes libres

Nous retrouvons les gestes des mères

Nous soufflons une bougie la nuit

Avant de nous aimer


Aimons toujours

Sommes heureux

Avons des enfants

Mangeons avec eux

Les mangeons

Mangeons


C’est mon estomac, ce gargouillis

Ce n’est pas moi

C’est mon estomac, ce gargouillis

Ce n’est pas moi

C’est mon estomac, ce gargouillis

Ce n’est pas moi


…Vous m’entendez ?…

…VOUS M’ENTENDEZ ?


…Il faut manger

…J’ai faim

…J’entends la cloche

…Il faut sonner

…J’ai l’accord de ma mère

…J’ai l’accord de mon père

…J’ai la corde dans les mains pour ça

J’ai la corde




lundi 9 novembre 2009

THE RANDOM SYNDICATE


The Random Syndicate


Mise en circulation d’actions poétiques passées, présentes et futures

Étude et prospective d’événements nouveaux

Cabinet des curiosités

Pretty things

Hasard

*


Mise en circulation d’une action poétique :

Lecture couplée de L’imagerie du hasard de Georges Brecht et de L’homme-dé de Luke Rhinehardt


- selon procédure aléatoire et mise au pas du public -


Galerie Nü Koza, Samedi 14 novembre 2009 à 20 heures


Les membres de The Random Syndicate ont décidé d’exaucer pour vous l’un de vos désirs.

Pour ce faire, notez ci-dessous six désirs que vous aimeriez voir assouvis :

1 - .

2 - .

3 - .

4 - .

5 - .

6 - .

Le samedi 14 novembre à 20 h, à la galerie Nü Koza (Dijon), l’un de ces six désirs sera choisi par le dé. Si l’un des membres de The Random Syndicate accepte de l’exaucer, il le fera dans le mois qui suit.

- N° du désir choisi par le dé :

- Nom du membre de The Ransdom Syndicate ayant accepté d’exaucer le désir :

.

- Votre désir sera exaucé à (date/heure) , à (lieu).


Si aucun des membres de The Random Syndicate n’a accepté d’exaucer le désir choisi, ils noteront ci-dessous les raisons ayant motivé leur refus.


Motifs du refus :

The Random Syndicate

Pour voir votre désir assouvi, notez :

- Votre nom :

- Votre n° de téléphone :

- Votre adresse e-mail :

The Random Syndicate espère que tous vos désirs seront assouvis prochainement.


Laissez votre feuille avec vos désirs à la Galerie Nü Koza, 89, rue Berbisey, 21000 Dijon, ou par mail : brun.lemoine@laposte.net / www.nukoza.com

Bruno : 06 13 17 06 93/Fabien : 06 84 59 83 39/