lundi 19 octobre 2009

Matachine



Sur le site sos-art.com, sous la thématique Discipline, le chantier de mon premier roman, publié chez al dante, Matachine ou le lecteur enchaîné...

Ou Matamachine,
puisque Matachine est une machine texte, une machine schizo, une machine célibataire, qui doit autant à Kafka qu'à Lautréamont
(ce qui est finalement assez simple à écrire, vous n'avez qu'à allumer votre poste télé, il suffit de se laisser porter).

sos-art est un site poésie/art/son/vidéo conçu par Eric Cassar, Nicolas Carras et Tristan Mory, auteurs, poètes, musiciens et/ou vidéastes. Régulièrement, un thème est tiré au sort (Finitude, Poisson, Collage...), tout le monde peut participer : soit accepter ou non la contrainte du thème choisi, pas rasé, par hasard.

Donc, sous Discipline, on peut trouver, ce mois-ci, les noms de :

- Malatray;
- Bawati,
- Carras,
- Hildebrandt,
- Lemoine,
- Cassar,
- Langoutte,
- Bennett,
- Bufflier,
- Mory,
- Vienne.

Bonne visite...

http://www.journaltheme.com/dicipline/defdscipline.html

dimanche 11 octobre 2009

THE RANDOM SYNDICATE

The Random Syndicate



Mise en circulation d’actions poétiques passées, présentes et futures
Étude et prospective d’événements nouveaux
Cabinet des curiosités
Pretty things

Hasard


*


Les membres de The Random Syndicate ont décidé d’exaucer pour vous l’un de vos désirs.
Pour ce faire, notez ci-dessous six désirs que vous aimeriez voir assouvis :

1 - .

2 - .

3 - .

4 - .

5 - .

6 - .


Le samedi 14 novembre à 20 h, à la galerie Nü Koza (Dijon), l’un de ces six désirs sera choisi par le dé. Si l’un des membres de The Random Syndicate accepte de l’exaucer, il le fera dans le mois qui suit.


- N° du désir choisi par le dé :

- Nom du membre de The Ransdom Syndicate ayant accepté d’exaucer le désir :

.

- Votre désir sera exaucé à (date/heure) , à (lieu).

Si aucun des membres de The Random Syndicate n’a accepté d’exaucer le désir choisi, ils noteront ci-dessous les raisons ayant motivé leur refus.


Motifs du refus :

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The Random Syndicate ©






Mise en circulation d’une action poétique passée :

Levée d’écrou
de Ghérasim Luca

Ghérasim Luca, né à Bucarest en 1913 et mort à Paris en 1994, l’une des figures désormais dominantes de la poésie française contemporaine, est l’auteur de textes exigeants et surprenants, fascinants et déroutants, dont, entre autres, L’inventeur de l’amour ou Héros-limite sont des témoignages toujours vivants. Bref, Ghérasim Luca pourrait bien être celui que Gilles Deleuze nomma en son temps « le plus grand poète français »…

Galerie Nü Koza, Samedi 17 octobre 2009 à 20 heures, lecture de Levée d’écrous de Ghérasim Luca/action poétique


Pour voir votre désir assouvi, notez :
- Votre nom :
- Votre n° de téléphone :
- Votre adresse e-mail :



The Random Syndicate espère que tous vos désirs seront assouvis prochainement.

Laissez votre feuille avec vos désirs à la Galerie Nü Koza, 89, rue Berbisey, 21000 Dijon, ou par mail : brun.lemoine@laposte.net
www.nukoza.com
Bruno : 06 13 17 06 93/Fabien : 06 84 59 83 39/

Vous pouvez Copier/Coller ce tract en format Word et nous l'envoyer

jeudi 1 octobre 2009

Maison (8)






Sur Internet, un livre d'artiste se construisant au fil des mois et des amitiés : Runbook.
Runbook grossit et grossira de janvier 2009 à janvier 2010 et a pour thème le paysage.

Ce mois-ci, il y a un texte de moi, un peu avant cette photographie de Brigitte Perroto et juste après une photographie du poète Jean-Marie Gleize. Si vous ne connaissez pas Jean-Marie Gleize, lisez absolument, sautez sur Film à venir, chez Fiction & Cie. Dans ce texte remarquable, on peut deviner, derrière les mots de Jean-Marie Gleize, des images ; non pas imaginer, mais deviner des images.
L'auteur laisse le lecteur libre de faire le film dont il rêve.


Voici une page du livre que je suis en train d'écrire et que j'ai envoyé pour l'occasion.




Ce que devient le paysage



Des nouvelles imageries, des nouvelles visions de l’environnement humain


Dispositif radar infrarouge Xaver Camero 800 (made in Israël)




Je reconnais peu à peu des formes stables, se mouvant rouges, jaunes orangées et noires, dans ce qui paraissait être l’horizon infini de l’éther bleu. Des silhouettes se dégagent à gauche et à droite, en haut et en bas, des corps incandescents se révèlent comme ailes rouges de séraphin dans les fresques de Giotto. Les corps sont isolés dans l’espace maintenant, fragiles flammèches brillant par elles-mêmes sur le fond bleu d’un ciel ouvert, lucioles dilatant d’un rayonnement chaud le décor moisi de taches noires : le sentiment de lire un tableau en descendant dans une crypte, la peur que la lumière diffusée par mes yeux gêne le libre agencement des codicilles. Derrière l’incarnat de corps incandescents, à quelques mètres de moi, transparaît en filigrane le phosphore d’une ossature, des organes, d’un cerveau, et les couleurs primitives des tissus glissent autour de cet axe comme fondent les huiles colorées dans l’eau, le glissement des plis des tissus avant morphogenèse. Il n’y a pas de maison, je ne dénombre pas cinq individus dans un espace délimité. Ce n’est pas que mon regard a perdu l’ordre des lieux, que la peinture des maîtres du Quattrocento nous faisait percevoir, mais, depuis cinq siècles déjà, les machines nous permettant de voir ont évolué et, désormais, nos pensées exécutent autour du visible une danse nouvelle. Voici Béatrice qui monte dans sa chambre, Pierre fait les cent pas dans son bureau, Isabelle et les jumeaux dorment dans leurs lits. La charpente de la maison se laisse deviner, les chambres, les escaliers, quelques meubles, les objets les plus volumineux transparaissent à leur tour, à mesure que l’œil prend connaissance du fonctionnement des imageries modernes. Voici Béatrice, Béatrice est Béatrice. Est désormais vanité ce qui prend corps dans un texte, ce qui a un nom, ce dont on peut percevoir la mort à venir, en même temps que le désir : la robe de Béatrice glisse au sol comme une chrysalide, sa chair est moirée, cristalline, enveloppe déterminant le circuit fermé des flux sanguins, le jeu des humeurs, le rythme singulier du ressac et sa logique interne. Et l’impression première demeure : le sentiment que Béatrice, par delà son corps, est flammèche ou flamme, que son contour est liquide comme silhouette de méduse, et ce sont les lois physiques elles-mêmes qui, devant ce que je me dois encore de désigner ici par le pronom « elle » ou le nom « Béatrice », ce sont les lois physiques elles-mêmes qui sont énigmatiques. Le corps de Béatrice diminue d’un quart, puis il n’est plus qu’une ligne étendue immobile, mais le flux de la vie poursuit sa course, quand elle dort. – Percevez-vous cela ? Percevez-vous la vie libre s’agitant toujours, quand vous croyez la maîtriser, quand votre esprit s’entend dire, Je dispose de moi et le croit ? Quelque chose s’est figé en nous, quelque chose s’est mis jadis à refroidir dans le moule d’un statuaire, mais l’écume de nos origines remonte. Béatrice se réveille, Béatrice attend le sommeil, son corps cherche une position où sa masse n’empêchera pas son esprit de vaquer, Pierre range ses affaires en bas, puis monte un escalier, un des jumeaux (Romain ou Julie ?) sort de sa chambre pour les toilettes. À côté d’eux, à quelques mètres, le miaulement d’un chat, le battement d’ailes d’un oiseau, des corps humains pénétrés se recroquevillent enlacés, la vision fugitive d’un homme assis dans une voiture, le panorama des flammèches ajustées les unes aux autres, l’ordre urbain des villes, la cartographie des astres autour d’un axe syntagmatique, la langueur silencieuse d’une petite ville de province, un chant monotone derrière lequel sourd des accents mélodieux, la vie un instant rangée dans le lit d’une rivière…




… et la mer, la mer au loin, la mer englobant tout …