jeudi 29 janvier 2009

ZOOM DIVIN




THE WORLD, réseau d'îles artificielles, Dubai


Pub Taxa Assurances, Google Earth, The World (Dubai)


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Les mass-médias ne sont pas seulement un instrument de propagande idéologique et politique, ils ne sont pas seulement un outil de manipulation de la conscience critique, influençant les intentions de vente et de vote, signalant ce qu’il faut penser et acheter, assimilant l’esprit à un enjeu marketing, tel le téléphone portable faisant de la communication une billevesée ou l’appareil numérique transformant l’image photo de nos proches en un bibelot. Toute une métaphysique est à l’œuvre derrière les non-dits, des prêtres se cachent, n’osant avouer leur sacerdoce, des médiateurs, hommes de radio, de télé, de communication, qui inventent pour nous des cosmogonies, mondes n’ayant plus de rapport avec nos sociétés, univers déconnectés du quotidien des masses, spectateurs pratiquant, malgré eux, la messe, fidèles inconscients, avalant, jour après jour, le flux tendu des visions des gurus.



- C’est d’abord une sphère dans un anneau (2 sec.)

- Puis le Zoom devient percée (0,25 sec.),



Le Zoom est l’œil de l’aigle, la traversée des apparences,

l'Œil omni-ventri-plénipotent du dieu blanc.


- Le Zoom divin de l’aigle blanc et fasciste plonge dans l’anneau qu’il s’est lui-même

confectionné, pour voir le monde qu’il s’est fait mariner sept jours (0,25 sec.)


- Le Zoom va plus vite que la lumière et découvre des galaxies qui avancent devant lui,

comme la Béatrice de Dante tirée par un Griffon (1 sec.)


- Puis, jets d’étoiles aveuglantes alentours, tels les rais des lumières rouges, blanches et

vertes lors du dénouement de 2001 l’odyssée de l’espace (2 sec.)


- Un trou noir (0,5 sec.)


- La voie lactée (0,2 sec.)


- Le système solaire (1 sec.)


- Pluton, Neptune, Saturne, etc. (1 sec.)


- La Planète bleue (1 sec.)


- Traversée de la couche d’ozone de la Planète bleue (0,3 sec.)


- Vue plongeante sur le continent américain (0,1 sec.)


- Nuages (0,1 sec.)


- Nuages (0,1 sec.)


- Les gratte-ciels de New York vus d’en haut (0,2 sec.)


- Des nuages (0,1)


- Un quartier de New York (0,1)


- Un nuage (0,05)


- Un homme-lambda (0,1)


- Sommet du crâne de l’homme-lambda (0,1)


- Le cuir chevelu de l’homme-lambda ; l’épi de cheveu de l’homme-lambda (0,1)


- Traversée de la tête de l’homme-lamda, comme Sphère-micro correspondant à Sphère-

Macro (0,1)




Traversée du microcosme de l’homme-lamba




- Le derme (0,1)


- L’épiderme (0,05)


- Des veines (0,05)


- Des vaisseaux (0,05)


- Des globules (0,05)


- Des molécules (0,2)




SLOGAN TAXA ASSURANCE






LE SPECTATEUR EST LE ZOOM TRANSCENDANT DANS L’ŒIL DIVIN DE L’AIGLE BLANC ET FASCISTE

VOUS ETES LE ZOOM TRANSCENDANT DANS L’ŒIL DIVIN DE L’AIGLE BLANC ET FASCISTE

PLUS BESOIN DE GURUS

PLUS BESOIN DES SUTRAS

L’ANAMNESE EST A PORTEE DE ZAP



Et maintenant, avec Google Earth, vous choisissez le lieu sur lequel le Zoom transcendantal doit plonger.

Vous avez la carte du monde dépliée devant vous, ou le globe sphérique, la Planète bleue à genoux, attendant vos ordres,

Vous plongez sur New York, tel le cosmonaute dans 2001 sautant dans sa capsule, un 11 septembre,

Vous explosez, telle une bombe lancée par Nixon au Chili, un 11 septembre,

Vous êtes en pleine simulation de viol,

Vous inventez le terrorisme transmental.



Et maintenant, vous louez un espace sur la carte Google Earth.

Vous êtes une institution, une association, une communauté ou un particulier et vous louez un espace visible par tous sur la carte Google Earth.

Vous voulez montrer l’identité des criminels sexuels dans une ville de Floride,

et Google Earth devient la carte du monde des criminels sexuels dans une ville de Floride.

Vous voulez montrer l’identité des criminels à Chicago et les lieux où ils agissent,

et Google Earth devient la carte du monde des criminels de Chicago et des lieux où ils agissent.



Et maintenant, vous avez les moyens de vous payer une villa sur The World, vous êtes un milliardaire et vous voulez votre place sur les îles artificielles représentant la carte du monde, à Dubaï.

Vous voulez une villa sur une île de The World représentant l’Europe, mais il ne reste plus que l’Afrique,

et vous n’aimez pas le tiers-monde, vous ne voulez pas du tiers-monde.

Alors vous faites monter les enchères,

et les émirs de Dubai font monter les enchères.

Vous dites que vous n’êtes pas un sale nègre, que vous n’avez rien d’un sale nègre !

Vous déclarez que vous voulez votre place au soleil et que vous aurez votre place au soleil !



Il y a du soleil pour vous et il n’y a pas de soleil.

Il n’y aura jamais assez de soleil pour vous.

Vous êtes le soleil.



AMEN





Texte publié dans le journal Abondance par la galerie municipale de Vitry pour l'exposition d'Alfred Gharapatian, Abondance, qui a lieu en ce moment.


Discussion avec le public, moi et Garapethian ce dimanche à la galerie municipale de Vitry, 17 h., sur le paradis, l'utopie et les médias

dimanche 18 janvier 2009

Musiques de livres (2)


Porte noire, Besançon

Je serai samedi 24 janvier à 20 h 30 au Carpe Diem à Besançon pour

Musiques de livres

Une soirée littéraire, musicale et apéritive au bar.

Lecture de quelques-uns de mes textes, ainsi que ceux de Frédérique Cosnier.

Bruno Lemoine, L'après-journal Nijinski, éd. Al Dante (2008)
Frédérique Cosnier, Poèmes précis, éd. Entre 2M (2008)

avec la participation de la comédienne Aline Reviriaud (Idem Collectif, Dijon)

Les musiciens : Les Désinvolt, Noël Pelhâte...

Conception et présentation : l'écrivain Saïd Nourine

Avec la librairie A la page, 32 rue Ronchaux, 25000 Besançon

Carpe Diem, 2, place Jean Gigoux, 25000 Besançon, 08 81 83 11 18


dimanche 11 janvier 2009

Abondance/Alfred Gharapetian


Alfred Gharapetian fait de la vidéo, de la photographie et de la sculpture. Son champ d'action est le décryptage des images médiatiques, la représentation mass-média, la Réalité intégrale. Avec Abondance, sa nouvelle installation à la galerie municipale de Vitry-sur-Seine, le titre et la thématique sont ironiques : Abondance, ici, est le bruit entropique, la profusion/pollution des images son/vidéo, celles de la guerre, du terrorisme, mais aussi, aux antipodes, pourrait-on dire, leur versant Sud ou Nord : le paradis ou l'Eden, la fortune, la richesse, le sommet de la motte de paille, ou ziggurat ; le septième ciel.

Voici donc l'Enfer et le Paradis tel que le Spectacle nous les présente. Rien de nouveau sous le soleil, pourrait-on dire. Godard en avait fait un film, Notre musique. L'Enfer de Notre Musique par Godard : les images photographiques de guerres montrées à l'écran par un Chris Marker sous coke, le Purgatoire présentait le conflit israëlo-palestinien, le Paradis était un ghetto défendu par des GIs : un bois, qui aurait pu être peint par Courbet, dans lequel vivent deux ou trois familles de blancs-blonds-aux-yeux-bleus. Godard, dans son film Notre musique, jouait au professeur, cherchait une distance par rapport aux images de guerres qu'il montrait. "Quelle différence, demande Godard à des étudiants en cinéma, entre cette photographie de guerre et cette photographie de guerre ?" (Sous les photos, il n'y avait pas de légendes.) "Aucune, lui répondait un étudiant, c'est la même guerre" "Non, répond Godard, ici, c'est une scène de décombres lors de la guerre de Sécession, là, c'est Stalingrad ou Verdun, ou..."

Il y a encore une distance, chez Godard, pour évoquer l'enfer. Chez Gharapetian, non, il recycle, broie, tord, détourne les images, fait du copier/coller. La guerre = la guerre = la guerre = la guerre. Plus de distance, ou si peu, celle donnée par le relevé des images, la greffe d'images, là, dans la galerie municipale de Vitry. Faut-il encore un discours pour faire sens ? ou l'usage de la figure de l'aporie ? "C'est terrible ce qu'on voit, aucun mot pour exprimer ça, l'indicible, l'innommable."

Ou bien le rejet pur et simple, le silence, le mutisme. 

A l'autre bout, l'Eden, d'Abondance. Et la vision de l'Eden émise par nos médias n'est pas celle de Notre musique (le bois champêtre, le ruisseau et la biche se désalterant...). L'abondance qu'on nous présente à la télé, c'est Dubaï et ses îles artificielles. Et Dubaï est une cité futuriste, un rêve d'autoroutes et de palais ressemblant à des vaisseaux spatiaux, c'est un paradis néo-fasciste, mais qui s'écroule, qui s'effondre maintenant, avec le Krach, comme un chateau de cartes. Au moment où Gharapetian expose Abondance à Vitry, Dubaï est déjà une ville fantôme.

Abondance, Alfred Gharapetian

Galerie municipale de Vitry-sur-seine (9 janvier, 1 mars 2009)

galerie.municipale@mairie-vitry94.fr/01 46 82 83 22

Journal de l'exposition avec des contributions d'Isabelle Rieusset-Lemaire et de moi-même.

Et je serai avec Alfred Garapethian à la galerie municipale de Vitry, le dimanche 1 février, à 17 h., pour une rencontre. Le thème : paradis et utopies aujourd'hui.


Tu es partout







dimanche 4 janvier 2009

Bonne année !

Oui, oui, à tous une petite carte pour la bonne année !

Et puis, c'est l'intention qui compte.

A tous, un "je vous aime", une belle image et un bon point.