mercredi 6 février 2008

nos visages-flash ultimes



La Rédaction est un peu la suite de l'essai noir en littérature, des Méditations autour d'un balai de Swift ou de L'assassinat considéré comme un des Beaux-arts de De Quincey. On retrouve l'essai noir aujourd'hui, par exemple, sous la plume d'un Eric Duyckaerts, de Hegel ou la vie en rose ou certains discours ou articles faussement savants, déjouant l'appareillage critique de l'universitaire et du, ou des, discours dominants. La Rédaction est objet des interstices, de ce que l'on ne devrait pas voir quand on lit ; elle envoie des rapports ayant pour but explicite de combler les trous, ou vides, des revues. La Rédaction est la Pige, le 1/8° dont on ne sait que faire après train bouclé et fin de mise en page magazines. C'est encore le guerrier appliqué du texte ou la Fleur de tarbes à la crème (mais cette fin visée est consciente).



nos visages flash ultime présente une série de portraits d'otages trouvés sur Google, avec leurs légendes. Sur plus de 100 pages, 5 à 10 portraits par page, peut-être plus, peut-être moins. Des visages d'otages retravaillés sur Photoshop pour accentuer leur caractère pixellisé et crypté. Nous assistons alors au travail d'un entomologiste de l'horreur, agitant, sans souci de collecte ou de classification, son grelot des hontes et tabous diffusés du Spectacle. Nous assistons, nous ne sommes plus témoins, au défilé sans mémoire des victimes des enjeux géopolitiques actuels. Le terrible, c'est que ces images d'otages ne témoignent plus pour nous depuis longtemps, tant la répétition spectaculaire des mêmes énoncés et des mêmes effets vidéos et sonores appliqués sur elles nous les ont rendues opaques, vides et vaines. Ce n'est pas qu'elles nous laissent sans voix, heurtés de plein-fouet et pris à partie. Nous sommes plutôt face à une écholalie de la représentation contemporaine de la victime, un désamorçage du tragique inhérent à la situation d'otage : les otages sont encore otages de la (re)-présentation qu'Internet a faite d'eux. L'innommable devient anonyme, le sans-nom devient sans-voix. Du coup, il ne reste plus que le jeu d'enfant ou l'activité purement désintéressée pour y trouver encore de l'intérêt. Il suffit de la touche EFFET de Photoshop.

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