mercredi 24 décembre 2008

Les nouvelles lois de l'hospitalité : Robin Rimbaud




scanner@scannerdot.com
scanner@scannerdot.com

http://www.scannerdot.com/sca_001.html
http://www.myspace.com/scanner


Je me souviens de


OCEAN OF SOUND
Je me souviens de
OCEAN OF SOUND
de David Toop
et de la voix d'Orphan

de la voix d'Orphan, alias Yves Hadrien, alias...

Une histoire de cycles
Une histoire de changement d'ère
ou d'éons

Je me souviens de
OCEAN OF SOUND
de David Toop
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND

EONS

Je me souviens de la voix d'Orphan pour NOVOSONIC
ou 2001,
une Apocalypse Rock
2001, Orphan
La raison de la virgule comme pause ou... silence
Robert de Montesquiou,
dans les textes d'Orphan
Orphan
Orphan
ou
Yves Hadrien
10 ans
10 ans
10 ans
Pour chaque cycle
Les éons
Les éons : 10 ans
entre Hadrien Yves et Orphan
Un changement de cycle

Kraftwerk
...
Le Rap

10 ans
entre

Kraftwerk
...
Le Rap



EONS

Je me souviens d'Ocean of sound
Ocean
Ocean
Ocean

Et cette idée qu'il n'y avait
rien
rien
rien
de plus beau qu'un texte de musicien
aujourd'hui

Je me souviens
Je me souviens

Le silence chez Beckett
Le silence lui vient de
Beethoven
Rien
Rien
de plus beau qu'un texte de musicien

Les plus belles avancées en poésie
proviennent de la musique
de la découverte que la musique est en avance
en avance
en avance
en avance
en avance
toujours
en avance

Et que la littérature est
à la rame
en rade
à la rame
toujours
à la rame

Vu

Je me souviens

Je me souviens

Vu

un éditeur ayant repris les ayant-droits de
La Réalité Virtuelle de Reingold Howard

Il me parle
du tracé des lignes portables
sur une planisphère
Il me parle
Il me parle
des flux/trajets des lignes portables
SFR
Bouygues
Alcatel
Le Réseau

Vu
Je me souviens

Sur un planisphère

OCEAN
OCEAN
OCEAN
OCEAN

Et de cette découverte que le téléphone portable est devenu
Maison

OCEAN
MAISON
OCEAN
MAISON
OCEAN
MAISON
OCEAN
MAISON

Comme Ventre de Baleine pour Jonas

pour les immigrés/émigrés/transmigrés
Cette découverte
Cette découverte
Cette découverte
que le portable
que le portable
que le portable

est devenu MAISON
est devenu MAISON
est devenu MAISON

pour des familles, des couples, des hommes et femmes seuls
perdus dans un réseau géopolitique devenu transfrontalier

LA MER ET LA MERE
LA MER ET LA MERE
LA MER ET LA MERE
LA MER EST LA MERE
LA MER EST LA MERE
LA MER EST LA MERE
LA MER EST LA MERE

et la lecture
la lecture
la lecture
la lecture
la lecture

des musiciens soufis
des musiciens soufis
des musiciens soufis
des musiciens soufis

TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE


TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE

TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE

TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE

POSE TON CERVEAU
POSE TON CERVEAU
POSE TON CERVEAU

Rimbaud scanne les lignes téléphoniques dans ses concerts
Nous sommes en enfer si nous le désirons
Nous sommes en enfer
Nous sommes au paradis
Nous sommes en enfer si nous le désirons
Nous sommes au paradis

TOUT EST AMOUR

Comme Baleine échue échouée, sein de la mer
Sein des Seins ou baleine mourante

Je me souviens

VU

Je me souviens

VU

Robin Rimbaud
alias Scanner
alias Orphan
alias OCEAN
scanne
scanne
scanne

OCEAN

scanne
scanne

le flux de la matière

mouvante

l'onde vibratile
la maison
la maison
rentre dans la maison transfrontalière
rentre dans le dernire désir dernier réseau d'Ipséité
dans le dernier lien
dans le dernier espace d'intimité

pour en faire de la musique

Rimbaud est parasite/nomade/sédentaire
Et c'est ce qui a fait peur à David Toop
dans son livre OCEAN OF SOUND

Robin Rimbaud est un parasite d'ondes vibratiles
il improvise sur nos vies

VOYEUR

Pour lui tout le monde est star de la radio
Ma conversation est poésie
L'échange que j'ai avec ma copine

Je me souviens

VU

Je me souviens

VU

de la langue mobile,
de la langue comme mobile
chez Derrida
et de cet hôte/otage
et de sa notion d'hospitalité

Et de l'association Couple/parasite
en biologie

Rimbaud fait de l'ambient comme Brian Eno
ou David Toop.
Pour lui la musique est tout ce qui vient de l'extérieur du réseau d'émission capté par un micro
Tous les sons excentrés,
Tout ce que l'on écoute" d'habitude mais qui n'a pas vocation à être entendu.

Mais Rimbaud, lui, rajoute la vie, les interactions du public venu à ses concerts
ou
LA MAISON
LA MAISON
LA MAISON
LA MAISON

comme boîte aux lettres et signe de vie, trajet sur une carte/planisphère

LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN

LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE

ELLE S'ENTEND
ELLE NE S'ECOUTE PAS
ELLE S'ENTEND
ELLE NE S'ECOUTE PAS
ELLE S'ENTEND
ELLE NE S'ECOUTE PAS
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND

LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE
LA POESIE DEFILE

dimanche 21 décembre 2008

Texte aux encordés


Paul Rebeyrolle, Chien

- I -


L’homme est un oiseau sans plume

qui porte son nom comme un mulet son fardeau.

Le nom de l’homme est une ombre double,

le vêtement de chimère au moyen duquel

il campe sa dignité sur Terre.

Et l’homme s’essouffle à dire son nom,

il s’essouffle à porter des habits inexistants,

et sa voix s’étrangle…

sa voix s’étrangle et caquette et cloquette.

Kac…

Kac…

Kac…

Kac…

Cloc…

Cloc…

Cloc…

Cloc…

Cloc…


- II -


L’homme n’est pas un,

il n’est pas deux,

n’est pas un homme,

n’est pas une femme,

mais un ensemble,

un état,

une batterie de poulets déplumés

qui caquettent et cloquettent.

Et leur voix s’essouffle à porter l’homme,

tout clapier d’ovipares morts ou vivants

qui le tiennent à distance de, par une corde,

et empêche leur respiration de tendre vers,

empêche leur voix d’arriver à,

arrêtés,

arrimés qu’ils sont,

alors qu’ils pourraient se reculer,

parvenir à distance de,

pour reprendre,

pour retrouver,

pour permettre à… de…

et mettre du jeu à la laisse.



- III -



L’auteur est cet oiseau qui cherche à tirer sur la corde plus fort que les autres, pour que, essoufflé, étranglé, parvenir à faire entendre sa voix :

- Kac !

- Kac !

- Kac !

- Kac !

Entendez comme il s’essouffle et combien sa voix et son nom montent haut !

- Cloc !

- Cloc !

- Cloc !

- Cloc !

Son corps porte sa charge tendue jusqu’à la voix pour toucher le public comme cible ou ensemble ovipare cherchant à entendre Kac,

ensemble de viandes blanches cherchant graines de maïs appelé texte, poésie, théâtre ou Kac,

Suffocation par empathie du vocable Kac dans un micro tendu

jusqu’à Soma.

- Kac !

- Kac !

- Kac !

- Kac !

- Kac !

- Kac !

- Kac !

- Kac !

L’empathie gagne, la pitié tragique ou Kacarsis devant chant du cygne Kac,

shooting d’une mère de saint dans un terreiros près de Saõ Paulo au Brésil.

Comme je porte bien mon nom !

Je suis Atlas !

Je suis Artaud !

Je suis Dieu !

Je suis un con.


-IV-



Je bande !

Regardez la mandragore jetée par-dessus la jambe ou rampe à travers voûte céleste, au nez, au vu et su des spectateurs du premier rang.

C’est l’opéra moderne.

Jadis, les femmes se mouchaient, cependant que les nobles, qui avaient payé leur place sur scène, applaudissaient.

Mais il n’y a pas de Kac

derrière une page ou devant un micro.

Je peux toujours chercher un homme, une lanterne allumée en plein midi,

je suis seul,

je suis absolument seul à bander.








C’est le chant du cygne,

les derniers mots du condamné à mort.

ll ne pourra plus s’écraser,

devra vider son sac devant nous.

(Tout le monde sait que le condamné à mort parle

et que le poète exulte son texte comme s’il s’agissait du dernier)


Ô le joli texte emmailloté

comme une grille autour du corps du petit Jésus !

Sa maman passe ses soirées à le déculotter

et le branle pour qu’il rote.

Le rot le met aux anges :

sa parole est volute ou gaz,

petite bible de poche pour enfants sortis des langes.


– Ouououououps !

Respiration forte,

mise en apnée avant retour de bandelettes

sur le tendre cadavre, rose et dodu

du petit poulet, petit mignon Osiris.


– Retour de bâton :

Isis, sa maman, ou Marie, vierge ou hystérique,

je ne sais plus,

lui recoupe le kiki.


Alors Kac !

La voix reprend ses saccades.


Kac !


La langue s’empâte, devient bleue,

la bouche montre les gencives,

cependant que le sang ne monte plus à la tête.


Cela mastique alors,

cela bave,

cela se chie dessus,

mais toujours,

par un miracle de la nature,

selon un rythme,

ïambe et dactyle,

toujours en mesure,

la grille des mots.


Le message est si fort,

La parole si prophétique

qu’on en oublie le corps du supplicié.


Cela mâche,

cela mastique,

cela s’astique par en-dessous,

cela ne respire plus, et pourtant cela vit encore,

cela ne mange plus depuis des années,

mais cela marche, rit, fait la vaisselle et les courses,

cela ne meurt pas,

parce que cela a pris soin d’écrire ses mémoires, ses idées, ses visions

que des rats mangent sur des étagères

en compagnie des savants et des érudits,

des professeurs et des écoliers.


Kac !

Kac !

Kac !


La tête est violette et le sexe apparaît rose !


Comme c’est beau !

Il est prêt pour la Pléiade !

C’est Elephant man qui récite le Notre Père,

un sourd-muet qui chante la Marseillaise à l’ORTF,

ou un réfugié qui ânonne du français

pour le Contrat Accueil Intégration.


Cela a encore besoin de corps fétiches et de textes fétiches.

Cela ne croit plus au culte d’aucun dieu,

mais cela a besoin de culture.

Cela se tait et cela attend religieusement que ça passe.

Et parfois cela passe, oui,

on ne sait trop quoi.

Le petit Jésus mignon, emmailloté,

ou la mandragore.

Et puis, l’on retourne chez soi,

quand le spectacle est fini.


On n’a rien compris du tout,

On n’a rien compris du tout,

mais c’était joli.

dimanche 7 décembre 2008

Les nouvelles lois de l'hospitalité





Ciment, béton armé, bois, revêtements spéciaux, etc. Rien n’arrête les yeux de Xaver, la caméra omnisciente. “You can run, but you can’t hide any longer”.

CAMERO est une société créée en 2003 basée à Herzliya qui a créé une « caméra qui voit à travers les murs », rien de moins !

En effet, le Xaver est capable de voir à travers les murs à une distance de 25 à 300 mètres. Camero, fort de cette arme redoutable continue son implantation aux Etats-Unis et gagne de nouveaux marchés. Camero a récemment levé 14 millions de $ en janvier 2007 pour permettre cette expansion commerciale rapide.

A propos de Xaver

Xaver est une caméra portable, qui grâce à des signaux infrarouges permet de regarder à travers des murs épais, y compris du béton armé. La caméra envoie des signaux radars à très haute fréquence, ce qui permet de voir en temps réel ce qui se passe à travers un mur et tout ceci en 3D.

L’appareil visionne des images 3D issues d’un radar UWB (ultrawide band ou ondes ultra longues) breveté. Le terminal portatif léger génère des informations en 3 dimensions d’objets et de formes vivantes à travers diverses formes d’obstacles solides, tels que des murs, des toitures, etc. La portée actuelle de Xaver est de 25 mètres et son PDG Aharon prédit une portée de 300 mètres d’ici quelques années.

Camero Xaver 400 – Portable 3 kilos – Voir à travers les murs


Bientôt en vente libre, dans vos magasins !


Choisissez pour vous votre identité

Bruno Lemoine copyright Eric Madeleine

Vous pouvez ne plus avoir de nom ou ne plus avoir de corps.
Vous pouvez changer de nom ou d'identité, vous pouvez changer de corps et de visage.

Il n'y a plus d'étranger, parce que l'Anonyme ou l'Innommable n'est plus un inconcevable pour nous ou un interdit.
L'Etranger absolu est désormais. Nos lois de l'hospitalité sont ouvertes et leurs sources sont libres de droit.
Vous pouvez tous devenir l'Etranger absolu si vous le désirez. Vous pouvez ne plus avoir d'identités ou les avoir toutes.
Les portes de nos maisons sont ouvertes.

Nos lois de l'hospitalité sont ouvertes.


Soirée Manifesten


Soirée Manifesten

Le mercredi 10 décembre 2008

au théâtre de l'union

à 18 h. 30

entrée libre


Action 1 # Texte aux encordés
(Performance-installation. Création. Durée - 30 min.)

Le texte aux encordés
a été conçu à partir d'une performance d'Eric Madeleine, Do not across, présenté en 2000 pour le club de Sade et en 2001 à la villa Médicis : deux hommes sont reliés à une corde à double-nœud et tirent chacun de leur côté. Bruno Lemoine a ajouté à cette performance deux micros et la prolonge avec des textes, dont la nature poétique s'affronte douloureusement à l'épaisseur radicalement bornée d'une boîte vocale. Cette réflexion sur l'incommunicabilité s'appuie sur la relation épisodique que certaines personnes peuvent avoir avec la boîte vocale des ASSEDIC ou de l'ANPE. Cette performance où les corps et les paroles tentent de se mouvoir comme sur un ring, illustre les difficultés d'interactions à travers les mots : la parole devient ce qui sépare et le discours, ce qui aliène.

Bruno Lemoine
(né en 1981) est auteur. Il est un fan d'Arthur Cravan et conçoit la poésie comme un match de boxe. Il aime les Sex Pistols, Wire, Fight Club et il adore se battre avec le public. Dernier livre paru : L'Après-Journal Nijinski (Al dante, 2008)

Eric Madeleine (né en 1968) est plasticien et performeur. Son travail relève de l'art-action. Il se définit lui-même comme "sculpteur de compétence et producteur de gestes". Dans son oeuvre, le corps est omniprésent et devient acteur social de l'espace qu'il occupe. Il met ainsi en place des "Habitudes-fictions", qui consiste à perturber les comportements, les attitudes et la fonction d'une personne par l'introduction de nouveaux codes.
Dernière exposition personnelle : Changer de point de vue sans tourner la tête, à Albi, au LAIT (Laboratoire Artistique International du Tarnes).



Action 2 # Plan de situation : Sélestat
(Performance-conférence. Prod. : Frac Alsace. Durée : 89 mn)

Tentative quelque peu utopique de description exhaustive de la ville de Sélestat et de ses habitants, cette conférence-performance ouvre en même temps sur des horizons tels que la mondialisation, l'urbanisme, la condition ouvrière ou simplement humaine, sans oublier ni le canoë-kayak ni la fabrication des brosses à dent. Un récit d'explorateur sérieux et ludique qui s'amuse à questionner la validité de nos repères et de nos représentations face à l'infinie complexité du réel. Entre "one-man-show" humoristique, leçon de géographie et discours engagé, voilà une drôle de "conférence" qui offre un regard joyeusement décalé et frais sur notre quotidien.

Till Roeskens
(né en 1974) est plasticien. Ses deux obsessions de départ sont le regard et l'errance. L'artiste s'exerce à de nombreuses tentatives de description. Il discourt sur les images en interrogeant ce qui nous est donné à voir, ce que nous sommes capables de voir et ce qui échappe au regard. Il pose de multiples tentatives d'orientation et de positionnement pour trouver ou retrouver un chemin ou une position sur la carte du monde.

En ce moment en résidence à Marseille. Travail en cours : Plan de situation #6 : La Joliette.



Théâtre de l'Union - 20, rue des Coopérateurs - 87000 Limoges. Tél. 33(0) 555 79 74 79














dimanche 23 novembre 2008

Events d'Eric Madeleine aux marchés de Rungis - jeudi 27 nov. 2008


Rugbymen removers, Centre d'Art Le Lait,
Castres, 2007


L'idée doit être assez simple, naïve, un soupçon devant la traverser : l'homme est sujet, acteur, actant. D'où éthique, morale, responsabilités, and so on...
- L'homme est sujet.
- Ah oui ?

D'où L'Homme-objet comme concept.

...La question doit être assez simple, naïve, celle que pose un enfant à ses parents....
- L'homme est sujet ?...
...Mais est-ce vraiment un concept ?

Un jour, l'étudiant Eric Madeleine a eu l'idée de devenir L'Homme-objet, aux Beaux-Arts de Caen. L'idée semblant assez facile à réaliser, une ascèse en un signe : Faire signe, un point c'est tout
.

Il se fait appeler Made in Eric, ou "Tout fabriqué en Eric", Homme-signe, Homme-table, Homme-micro, Homme-chaise, Homme-caleçon, Homme-la-liste-est-longue, Homme-inventaire-des-mots-valises-avec-le-mot-homme... se fait louer par des particuliers ou des institutions. Est reconnu pour son travail en 90. (Le travail étant ici une économie des moyens, une épure ou les planches et les tréteaux des Copiaux. Pas de mise en scène , pourtant, pas de représentation. L'épure est maximale.

Un corps

.)

Puis Made in Eric décide de retourner son travail comme un gant, et redevient Eric Madeleine.

C'est alors, en 2000, le corps des autres qu'il inventoriera, ce qu'ils sont de part leurs fonctions, métiers et compétences, ou "Comment le corps des autres devient un objet ?" Après avoir détourné la fonction sujet et objet en un geste minimal : je suis un mot-valise, je fais la chaise, la table, le garage à vélos, la pancarte d'interdiction sur une pelouse, etc., ce sont les corps de métier, ou "le corps des autres de part leur métier", qui devient mot-valise.

- Renversement du détournement des fonctions : "Mon corps est un travail et un produit et un mot-valise", puis : "Corps de métier est un mot-valise".

Un hockeyeur devient balayeur dans un parc :
Hockeyeur-balayeur,

mais aussi :

Rugbymen-déménageurs

Pongistes-métronomes

Cycliste-trapéziste

Masseuse-charcutière

Coiffeur-jardinier

Etc.


La pratique du détournement de fonction ressemble à celle de l'ingénieur en formation créant un référentiel compétences, à celle du manager par les compétences créant son plan de formation pour entreprises fusionnantes, au rêve d'un Krach fusionnant, ou Carnaval mondial, ou Potlatch contemporain, (la pratique du détournement de fonction peut être ainsi un mode contemporain pour exorciser le spectre de la crise. (Car nous sommes et resterons des primitifs :

le krach est un autre nom pour tohu-bohu.

Alors, il faut quelque chose d'aussi grand et d'aussi imposant que les marchés de Rungis pour faire la Fête, il faut le Grenier de l'Europe, il faut l'un des plus grands marchés mondiaux, il faut une inauguration, comme celle en vue des 40 ans des marchés de Rungis, pour un Carnaval qui devrait durer six mois, deux saisons, et qui ne durera malheureusement qu'une nuit,. iI faudrait un Potlatch dans les marchés de Rungis contre le Krach-cataclysme, il faudrait une fête à en faire craquer les chambranles de l'ordre du monde, et non pas ce retour saisonnier guerre-grève-vacances-manif.-crise-krach-guerre... Le même que celui de la Première, le même que celui de la Deuxième, le même que...

Le 27 novembre 2008, Eric Madeleine détournera le marché de Rungis.






vendredi 17 octobre 2008

wall street



" Je veux avoir des millions pour faire craquer la Bourse. Je veux ruiner la Bourse. Je déteste la Bourse. La Bourse est un bordel. Je ne suis pas un bordel. Je suis la vie, et la vie est l'amour pour les gens. La Bourse c'est la mort. La Bourse dépouille les pauvres gens qui y apportent leur dernier argent pour en avoir plus, dans l'espoir d'atteindre leur but dans la vie. J'aime les pauvres, c'est pourquoi je jouerai à la Bourse pour détruire les boursiers. Les boursiers sont ceux qui jouent à la Bourse avec des sommes immenses. Les sommes immenses sont la mort, c'est pourquoi les sommes ne sont pas Dieu. Je veux gagner de l'argent à la Bourse, c'est pourquoi, un de ces jours, j'irai à Zurich. Ma femme me presse d'aller à Zurich pour voir un médecin des nerfs, pour faire examiner mon système nerveux. Je lui ai promis 100 000 francs si elle a raison de dire que mes nerfs sont dérangés. Je les lui donnerai si le docteur voit que je suis malade des nerfs. Je ne lui donnerai pas si elle perd. Je n'ai pas cet argent, mais je lui ai promis. Dieu veut que je joue à la Bourse. Je jouerai, mais pour ça, il faut rester quelques semaines à Zurich. J'irai à Zurich un de ces jours. Je n'ai pas d'argent, mais j'espère que ma femme m'en donnera..."

Cahiers, Nijinski

lundi 6 octobre 2008

L'après-journal Nijinski



Parution de mon roman utopique, L'après-journal Nijinski, chez al dante, ce mois-ci. Si vous trouvez, d'autres utopies publiées en librairie en 2008 ou 2009, laissez-moi un commentaire sur ce blog.

Le vingtième siècle a été le siècle des utopies, en art, en science et, évidemment, en politique ; mais, curieusement, l'utopie, comme genre littéraire, est absente du catalogue des éditeurs. D'autres genres sont, bien sûr, absents du catalogue des éditeurs. J'en affectionne particulièrement un qui a été inventé par Beckett pour le théâtre : c'est la foirade. Mais il y a aussi, en littérature, la fantaisie qu'Hoffmann affectionnait. Il y a, en fait, beaucoup de genres littéraires non catalogués par l'Université et les éditeurs.

Pour un écrivain, la difficulté de l'écriture d'une utopie n'est pas dans sa rédaction, mais après coup, lorsque le livre est achevé. Un roman ne change pas un auteur, un poème ne change pas un poète, une utopie le change. Après l'invention d'une utopie, la forme-même d'un livre n'est plus viable, un auteur ne se reconnaît plus dans ce qu'il écrit, mais dans ce qu'il s'autorise à faire : dans le geste libre.

L'après-Journal Nijinski, en tant que roman, raconte l'histoire d'un danseur étoile, Etienne, qui voudrait être Nijinski, qui, lui, se prenait pour Dieu. Comme la peréquation des vies est impossible dans nos cultures, comme une identité ne s'échange pas d'un individu à l'autre, que cet individu soit vivant ou mort, Etienne imagine une utopie dans laquelle le partage des vies entre les hommes serait devenu monnaie courante : une révolution des masques, telle qu'elle a eu lieu à Venise à l'époque de Casanova, mais qui serait devenue permanente.

Ce blog, W-imaginaire, est dédié à cette révolution permanente des masques.
Voici les premières pages de L'après-journal Nijinski :

" Lettre à l’éditeur

Tu n’es pas un éditeur et je ne suis pas un écrivain. Aucun homme ne devrait te forcer à n’avoir qu’un seul masque et aucun poète ne devrait passer par le biais de l’écriture pour devenir l’image qu’il entend être, car l’écriture est un leurre, elle ne donne le désir d’être autre qu’en enfermant ce désir dans du papier ; l’écriture est un enfant avorté, un masque d’homme perdu pour son auteur. Tu es Nijinsky, si tu le souhaites, ou une araignée, un sphinx, une pierre observant l’horizon, le mouvement continu de la matière et la lumière vive qu’elle recèle. Tu es Nijinsky, car tu n’as jamais été plus libre d’endosser n’importe quel rôle.
Un rôle est une vie, une vie est le cheval Bucéphale qui a peur de son ombre ; monte-le face au soleil.

Tu es le plus grand danseur que le XX° siècle a possédé, né à Kiev en Russie en 1890 et mort fou à Londres en 1950, ta femme s’appelle Romola Nijinsky et le maître de ballet qui t’a donné ta chance, Diaghilev. Quand tu arrives à Paris, tu obtiens un succès retentissant : tu es le premier danseur étoile reconnu en Europe. Cette situation nouvelle au monde est une charge qui te laisse épuisé, mais, en même temps, te transporte : Saint-Pétersbourg, Monte-Carlo, Paris, Londres, Berlin, New York, tu apprends les principes de l’ubiquité correspondant aux nouveaux aiguillages impériaux, et ton saut fait croire en l’attente des âmes sur terre jusqu’au spasme, envol que ni Roland Garros ni Neil Armstrong ne surpasseront jamais.

Tu as monté L’Après-midi d’un faune et Jeux d’après une musique de Debussy, ou Le Sacre du printemps de Stravinsky. Tu as inventé une nouvelle écriture chorégraphique et entrevu les possibilités que, demain, le cinéma permettra à la danse.

Tu as conçu l’écriture chorégraphique comme étant un journal et le journal comme une écriture chorégraphique ; tu t’es imaginé écrivant, vivant, dansant ta vie dans un acte compulsif, chaque homme après toi devant compulser, écrire et danser, selon ta notation, L’Après-midi d’un faune, Jeux ou Le Sacre du printemps, chaque homme devenant créateur et créature dans un même élan, puisque chaque homme étant toi.

Tu as dessiné le Journal, les Cahiers, L’Après-Journal et des mandalas que tu ne m’as jamais montrés, mais dont je me souviens.

La folie t’emportant toujours, aucun homme de lettres n’écrira ton tombeau.

Bruno Lemoine "

samedi 13 septembre 2008

Pompino™ la sucette qui rend beau



Pompino, la sucette qui rend beau est une performance d'Eric Madeleine et Bruno Lemoine, avec marionnettes de silicone en forme de mains et castelet.
Eric Madeleine a conçu l'installation et Bruno Lemoine a écrit le texte.

Cette performance aura lieu samedi et dimanche prochains à Ivry-sur-Seine, lors de la journée du patrimoine.

Pompino, la sucette qui rend beau sera représentée plusieurs fois au parc des Cormailles à Ivry, les 20 et 21 septembre 2008.

Pour de plus amples informations :
www.pleinsfeux.ivry94.fr

Pour avoir un avant-goût du travail d'Eric Madeleine :
www.ericmadeleine.com



Venez nombreux, avec vos enfants !


Pompino est un spectacle pour les petits et les grands !




mercredi 3 septembre 2008

La migration des monarques


Papillons monarques


Lucie est partie jeudi dernier pour un mois ; après, je ne la reverrai plus que quelques jours, puis elle vole pour six mois au Japon. Lucie est étudiante aux Beaux- Arts de Dijon et assistante d’une professeur et artiste, Lydie Jean-Dit-Pannel. Pendant un mois, à Montréal, les deux femmes vont filmer le départ des monarques pour leur migration.


Le monarque est l’un des plus grands papillons au monde et le seul à migrer. C’est un papillon aux ailes orange et noires, brillantes comme un vitrail de Rouault en plein jour. Lydie est vidéaste et fait le tour du monde depuis quelques années pour prendre des séquences de Babel, la geste des hommes et des animaux, de Las Végas en Amérique latine et en Asie, ou l’Aleph du poète Carlos Argentino ; ce qu’elle nomme le Panlogon.


Le Panlogon est le discours Panique ou nom "Dit-Pannel". À la source, le préfixe Pan ! est le bang ! du flingue et l’ouverture totale, la dilatation jusqu’à point de rupture des tissus vivants. Lucie a peur, parce que Lydie fait du body art et tatoue, à chaque point visité de la carte terrestre, un monarque sur son corps. De sorte que les vidéos et le corps de Lydie semblent former un poème tantrique, ou évocation, sur la peau des couples initiés aux Tantras, des liens symboliques entre le Microcosme et le Macrocosme. Un poème nouveau, pourtant, puisque l’acte d’amour n’est plus médiatisé par le verbe et la transcendance, mais par l’image en mouvement.


Lucie a peur de filmer le départ de Lydie-Monarque et de faire partie du voyage, mais elle sait que l’union charnelle de la femme et de l’ange est à réinventer chaque fois et que Théorème de Pasolini n’est pas un film, mais un théorème.


dimanche 3 août 2008

Onomastique Bruno Lemoine (copyright)



1760 : Casanova adopte le titre de chevalier de Seingalt :

« - Eh ! comment ce nom vous appartient-il ? – Parce que j’en suis l’auteur ; mais cela ne m’empêche pas que je ne sois aussi Casanova. […] – Comment peut-on être l’auteur d’un nom ? […] – L’alphabet est la propriété de tout le monde ; c’est incontestable. J’ai pris huit lettres et je les ai combinées de façon à produire le mot Seingalt. Ce mot ainsi formé m’a plu et je l’ai adopté pour mon appellatif, avec la ferme persuasion que, personne ne l’ayant porté avant moi, personne n’a le droit de me le contester, et bien moins encore de le porter sans mon consentement. »

(Pléiade, II, p. 882)

vendredi 25 juillet 2008

Joël Hubaut sur le billard


2 heures de jeu/action dans une salle de billard à Quebec pour l'anniversaire de l'art en hommage à Robert Filliou.
Joel Hubautgrossiste en art
(L'avantage de n'avoir dit à personne que l'on a un blog, c'est qu'on peut mettre des photos compromettantes, personne n'y saura rien...)
(Et puis, si l'on m'attente un procès en diffamation, je les efface. Hop ! Ni vu, ni connu !)
(Alors, le blog est l'outil idéal pour un sycophante ou diffamateur professionnel.
Rien n'est sacré, tout peut se dire, c'est le titre d'un bouquin de Raoul Vaneigem.)

vendredi 18 juillet 2008

Onomastique Bruno Lemoine (copyright)


"Beuys, dit Eva Beuys, a passé toute sa vie à mourir. Elle n'a jamais appelé son mari autrement que "Beuys" ; leurs enfants, Wenzel et Jessyka, faisaient de même et ne lui ont jamais dit "père" ou "papa". Il a passé toute sa vie à mourir, ajoute Eva, mais il était toujours si vibrant. Il adorait la vie ; il la voyait comme un chemin qu'il voulait parcourir jusqu'au bout. Selon Eva, Beuys a franchi les voies de la vie et de la mort avec une sûreté absolue - jusqu'à Palazzo Regale."

Joseph Beuys, une biographie, Heiner Stachelhaus

dimanche 13 juillet 2008

Autoportrait 13 - Bruno Lemoine - Dimanche 14 Juillet


... Parce que j'ai un faible pour les feux d'artifice du 14 juillet vus du ciel !

lundi 23 juin 2008

Albert Cossery : naissance


Le clochard céleste Albert Cossery est né, ce dimanche, à l'âge de 94 ans.
Il n'était pas français, il n'était pas égyptien.
Il n'a connu ni Henry Miller ni Calaferte,
il n'a pas écrit Les hommes oubliés de Dieu.

mardi 3 juin 2008

Alias Black Market (1)










Collectif Allias Black Market, pour leur première.
Performance de Lucie Mercadal.
Avec Léa Lebricomte, Marie Aerts,
Lei-Yang, Malo et Hocrelle.
Le vendredi 16 mai à la galerie-appartement Interface.
Sur les photos : Lydie Jean-dit-Pannel et Joël Hubaut.

" Compter, mesurer, mesurer, compter, marcher, compter, parler, agir, regarder, voler... sur un tapis, mesurer, regarder, le spectateur, parler. "

« Le travail d'Esther Ferrer peut être considéré comme un minimalisme très particulier qui intègre la rigueur, l'humour, le détournement et l'absurde. » (Sylvie Ferrée) ; ajouter à cela un fond d'humour et de radicalité.

Esther Ferrer est surtout connue pour ses performances. C'est une artiste espagnole active depuis les années 60, notamment dans le groupe ZAJ, cousin espagnol de Fluxus.

Allias Black Market, à l'occasion de sa conférence-naissance, souhaite lui rendre hommage. Ses performances, pour leur mode d'action et les questionnement qu'elles soulèvent sont des références fondamentales.
Dans toutes ses propositions plastiques, dispositifs ouverts et actifs, le temps, l'espace et la présence (la sienne et celle des autres), sont des éléments qu'elle structure, manipule et interroge.

Economie et réduction des moyens, elle joue avec un minimalisme et une rigeur de l'absurde qui lui sont propres. Système métriques, répétition, mouvements simples : le protocole de l'action est visible dans chacune de ses performances, pour permettre au présent d'émerger.
Mesure du temps qui passe, exploration du lieu parcouru, liens entre les présents, actions devant, autour, avec. Le spectateur est invité à regarder, vivre, expérimenter la proposition qui est en train de se faire, comme un écho à ses propres expériences.

L'action est un levier :
« C'est à partir du quotidien que l'on va vers un autre lieu » Esther Ferrer

Le chemin se fait en marchant. (video you tube)
Elle tient dans sa main un rouleau de scotch blanc, qu'elle déroule au fil de son parcours et qu'elle fixe au sol à l'aide de ses pieds, en marchant dessus. Elle trace une ligne, mise en relief de l'espace pratiqué, matérialisation du chemin parcouru, comme son propre fil d'Ariane. L'action est mobile, c'est jeu de réactions, une pratique éphèmère, quelquechose en cours de fabrication. La poésie s'affirme dans le minimalisme.

- Description de la performance : assise à regarder le specateur :
Renversement des positions, qui regarde, qui agit ?
Assise sur une chaise immobile, à regarder le public sans un mot ; « être le spectateur de l'autre ». L'action n'est pas spectaculaire ; Il n'y a aucune satisfaction à en tirer.
Faire sauter le fossé entre le performeur et le spectateur.
Interactions dans un rapport a-spectaculaire et silencieux.

Tapis volant.
L'humour et l'absurde.
Elle est assise sur une chaise, elle même posée sur un tapis d'orient et elle agite ses bras comme les ailes d'un oiseau.
Jeu de mots, jeu de conte, l'imagination au pouvoir pour le décollage des possibles.
Une volonté, une radicalité efficace sans être extrêmiste, avec une approche toujours ludique, la performance semble être chez Esther Ferrer à la fois l'engagement d'une vie et un plaisir toujours renouvelé.

Une citation d'Esther Ferrer à propos de la performance dans un entretien avec Sylvette Babin :
« Il y aura toujours un adulte ou un enfant qui voudra représenter le monde. C'est comme respirer ou manger. On ne perdra jamais le désir et je crois que la performance est une question de désir. L'essentiel est que si vous voulez faire de la performance, faites-le, point à la ligne »
Alias Black Market



lundi 17 mars 2008

Nioques#3


Une nouvelle de moi, La vie des insectes, dans la revue Nioques, du poète Jean-Marie Gleize.

Au sommaire, une traduction de Gertrude Stein par Martin Richet, Isabelle Giovacchini, Bernard Noël, Gwenaëlle Stubbe, Jérémie Gindre, Alexandra Bougé, David Lespiau, Cyrille Martinez, Anne-James Chaton et Franck Leibovici.

NDLR. Parler un jour de Franck Fontaine, celui qui s'occupait de Nioques auparavant. Beaucoup de choses intéressantes chez Fontaine. Téméraire, plutôt, mais là, au moins, il y a quelque chose de nouveau.

mardi 4 mars 2008



« Notre corps est lié à un monde que nous ignorons parce que nous ne possédons même pas les rudiments de son vocabulaire. Ce monde est purement physique, et il coïncide avec le fonctionnement non seulement du corps, mais à travers lui de l’espèce et du langage»

Bernard Noël, La langue du corps

L’HOMME APPROXIMATIF

est heureux de vous inviter
à une séance de lecture,
le samedi 8 mars à 19 h 30

à l’école de danse de Madame Pelletier,
8, rue Chaumière, à Talant.

François Dominique y sera L’Homme-des-sorts de René Ghil.
Éjections et crachats de Dépolluer l’infini par Paul Lapaiche.

L’Homme approximatif est une séance de lecture qui
vous sera proposée tous les XXX mois pendant XXX ans.

Entrée gratuite.

Photographie : copyright Bernard Plossu et François Dominique.
Organisation : François Dominique et Bruno Lemoine
Video : Max Riondet

mardi 19 février 2008

Romulphe


Romulphe comme roman, mulle ou muffle, labiales et sifflantes.

Commençons par introduire deux ou trois précédents livres de cet écrivain et ami.
Deux récits et un recueil de poème forment un triptyque ; il s'agit d'Aséroé (POL, 1992), La musique des morts (Mercure de France, 1996) et A wonderful day (Le temps qu'il fait, 2003). Le récit garde le ton de l'anecdote pour glisser dans le fantastique, une prédilection pour la mise en abyme. Les écrivains qui l'ont influencé sont Blanchot, Mandiargue et Bernard Noël. Une érudition maligne, telle qu'on la découvre dans le dernier Bataille, comptant les rats de sa bibliothèque à Reims, ou dans les yeux morts de Borgès.
Le poème Humanités, paru il y a deux ans aux éditions Obsidiane, Humanités se déclinant comme "l'ensemble des hommes" et "le chemin, ou la terre en friches, menant à la connaissance des hommes". Humanités, le titre, ici, est un euphémisme, chaque page présentant un inventaire clinique des cruautés commises à travers les âges et les pays. L'intérêt du poème tient au procédé utilisé pour chaque citation de bourreaux ; pour chaque citation, le poète émet une parole propitiatoire cherchant à conjurer l'horreur perpétrée. La question posée ici par le texte est : la poésie peut-elle effacer le crime sadique commis, que ce crime soit actuel ou inactuel ? C'est la situation du poétique par rapport à celle, tragique, du politique que l'auteur recherche.
Dans Romulphe, François Dominique part à la recherche de Vincent Romulphe, un écrivain mort depuis quasi un siècle. Dans ce nouveau roman, il questionne la place de l'amour face à la mort, à travers deux femmes ou pôles : Lucie, qui est l'enfantement et l'enfance de l'art, et Carina qui est chair ou viande, et l'inversion de celle-ci (la petite mort n'en finissant pas de mourir). A travers ces deux pôles, l'enquête poétique de Dominique se poursuit. C'est d'éternité dont le narrateur nous parle, de celle que seul le plaisir sexuel peut donner, un plaisir sexuel sans l'entrave d'un dieu ou d'une culpabilité. Ainsi, de l'évocation de la lumière passant sur le visage des amants, dans la littérature érotique latine, la vision de la lune et de la mort sur le visage affolé des amants, que l'on retrouve, d'ailleurs, dans nombre de mythes originels. - Ou de ce troupeau de "choses" rampantes, sans causes ni effets, se laissant carresser par la main gantée de Carina.
Romulphe
cherche à sonder la sexualité avec les moyens du roman dans un je où tout semble se jouer à découvert.

samedi 16 février 2008

Enoch - Roman historique

Georges Grosz

I

Dans un riche appartement d'Antibes au mois d'août - moulures au plafond et tentures aux murs -, un vieil homme du nom de Grenant tomba inexplicablement. Il lui arrivait fréquemment de le faire, il lui arrivait fréquemment de perdre l'équilibre sans raison. Sa chute était prévue d'avance, inévitable et programmée, et qui l'aurait vue à cet instant n'aurait rien fait pour l'empêcher, tant la chose paraissait blette, la chair décrépite, un fruit de moine pénitent ou de jeunesse appliquée aux morsures d'estomac, adonnée à la junkfood, ou le pain rassis dans l'eau tiède, la Manne des toilettes publiques. Un goût répugnant dont un réflexe hygiénique nous épargne l'intention charitable d'un geste prévenant. Par terre, comme un insecte sur le dos, des serres de vautour à la place des mains, plus faibles que les pattes de l'aronde, un scarabée d'or, un crabe sur le dos cherchant un point d'appui pour se reprendre, et Grenant, épuisé, s'asseyant contre le premier socle qu'il trouva.

" Je vais rester ainsi sans bouger, c'est mieux, le sang ne coule pas. Quand il coule, il me dérange. C'est chaud comme un sanglot d'enfant, le sang, cela déconcentre de ce qu'on pense. - Une histoire, voyons, cette histoire-là, l'histoire du petit bureaucrate appliqué.

" - Nie wieder !

" Il avait anticipé son coup, celui-là. Il avait pressenti la guerre, l'avait humée dans l'air des journaux, sous le faux jour terne de son petit bureau. C'était un être consciencieux, petit, modeste et bien noté. Nous voyons tous de qui je veux parler : assis voûté, le dos voûté, sur une brochure qu'il griffonne : le médiocre vertueux. Il avait accepté son sort, il ne se disait pas, Je suis tout autre, il convenait tacitement des avantages et des inconvénients de sa position, en estimait parfois les contours après une journée de labeur scripturaire, calculant ce qu'il pouvait ou ne pouvait pas espérer, selon une échelle de probabilité qui lui était propre, un ensemble d'hypothèses et de déductions qui finissaient par se perdre, ainsi que le lait sur le feu, en auréoles et en croûtes blanches par-dessus sa tête, devant le tableau des consignes du jour et les algorithmes de ses maîtres. - Ou de côté, près de la fenêtre où siègera bientôt un macintosh, aussi austère qu'un portrait d'Erasme.

- Petit bureaucrate ?"

(Bruits de la langue sur le palais)

" Petit-petit-petit-petit-petit...

"Sa chambre était un meublé dépoussiéré chaque jour par une dame, une vieille campagnarde que l'air de la ville n'avait pas entamée. On entrait chez lui par une cuisine aux allures d'arrière-boutique, où il travaillait le soir à son grand projet, souvent jusqu'à très tard dans la nuit. La vieille dame regardait, quelque temps après le couvre-feux, la lumière éclairant sa fenêtre, puis retournait dans son vestibule en émettant un soupir. Il avait fait pour lui-même les observations suivantes, après analyse des diverses situations politiques en Europe : Nul n'avait encore inventé une menace capable d'empêcher les hommes de se battre. L'un des deux pays serait vainqueur, l'un des deux pays serait vaincu. Les hommes repartiraient chez eux après la guerre, en déplorant tout le mal qu'on leur avait fait commettre. Il fallait donc qu'un texte exprimât dès maintenant leur volonté d'en finir :

- Nie wieder !

" L'Occupation coupait la France en deux, le petit politicien travaillait toujours tard le soir, sa lumière éclairait encore quand la vieille dame s'inquiétait :

- Nie wieder, petit-petit-petit-petit-petiiiit...

" Il fallait, pensait-il, prendre à l'envers l'équation poétique obtenue par Edgar Poe dans Le corbeau, mais comment ? Les jours passaient, des jours et des lunes. Des soldats s'inquiétèrent qu'une lumière élairât après le couvre-feux. La Gestapo sonna chez lui un matin et trouva ses réflexions jetées sur des feuillets. Un officier allemand s'assit pour les lire et dit au bureaucrate qu'il aimait la littérature fantastique, que cela manquait à leur époque, un écrivain capable de faire rêver, puis il voulut discuter. Le petit bureaucrate s'emballait, s'emballait, et l'officier de rire et de lui proposer d'écrire un article ou deux pour un journal. Le petit bureaucrate accepta."


mercredi 6 février 2008

nos visages-flash ultimes



La Rédaction est un peu la suite de l'essai noir en littérature, des Méditations autour d'un balai de Swift ou de L'assassinat considéré comme un des Beaux-arts de De Quincey. On retrouve l'essai noir aujourd'hui, par exemple, sous la plume d'un Eric Duyckaerts, de Hegel ou la vie en rose ou certains discours ou articles faussement savants, déjouant l'appareillage critique de l'universitaire et du, ou des, discours dominants. La Rédaction est objet des interstices, de ce que l'on ne devrait pas voir quand on lit ; elle envoie des rapports ayant pour but explicite de combler les trous, ou vides, des revues. La Rédaction est la Pige, le 1/8° dont on ne sait que faire après train bouclé et fin de mise en page magazines. C'est encore le guerrier appliqué du texte ou la Fleur de tarbes à la crème (mais cette fin visée est consciente).



nos visages flash ultime présente une série de portraits d'otages trouvés sur Google, avec leurs légendes. Sur plus de 100 pages, 5 à 10 portraits par page, peut-être plus, peut-être moins. Des visages d'otages retravaillés sur Photoshop pour accentuer leur caractère pixellisé et crypté. Nous assistons alors au travail d'un entomologiste de l'horreur, agitant, sans souci de collecte ou de classification, son grelot des hontes et tabous diffusés du Spectacle. Nous assistons, nous ne sommes plus témoins, au défilé sans mémoire des victimes des enjeux géopolitiques actuels. Le terrible, c'est que ces images d'otages ne témoignent plus pour nous depuis longtemps, tant la répétition spectaculaire des mêmes énoncés et des mêmes effets vidéos et sonores appliqués sur elles nous les ont rendues opaques, vides et vaines. Ce n'est pas qu'elles nous laissent sans voix, heurtés de plein-fouet et pris à partie. Nous sommes plutôt face à une écholalie de la représentation contemporaine de la victime, un désamorçage du tragique inhérent à la situation d'otage : les otages sont encore otages de la (re)-présentation qu'Internet a faite d'eux. L'innommable devient anonyme, le sans-nom devient sans-voix. Du coup, il ne reste plus que le jeu d'enfant ou l'activité purement désintéressée pour y trouver encore de l'intérêt. Il suffit de la touche EFFET de Photoshop.

jeudi 24 janvier 2008

Robert Filliou - Bio/



Robert Filliou n'avait pas plus de désir qu'un oiseau, un peu comme ces musiciens de gamelans, à Bali : la vie est un cycle, sans début ni fin.
Beaucoup, beaucoup de choses à dire sur les Presses du Réel, à Dijon, en ce moment.
Beaucoup, beaucoup de bons livres en ce moment, un peu partout, d'ailleurs.
(et je cours, je cours, je suis obligé de courir - Amok (dommage...))
...Mais cette bio est remarquable, fabuleuse, à plus d'un titre.
D'abord, parce qu'elle n'est pas une hagiographie : Filliou, poète Fluxus, n'était pas un saint. Selon lui, aucun destination à la vie, un horizon mais aucun ciel, aucune course ou visée.
Nous sommes là à la fin des axiologies en littérature, peinture, musique, art.
Bien fait = mal fait = pas fait.
Tout est bon et tout est beau.
Tout peut être jeté à tout moment.
Il suffit seulement de percevoir - là.
Un tableau se mange, une musique se regarde, une pièce de théâtre se touche.
Tout se désapprend, tout le temps.
La biographie de Robert Filliou par Tilman tisse des phrases très simples autour d'une des pensées poètiques françaises les plus profondes des années 70. Parce que Filliou cherchait à enseigner avec des phrases simples, évidentes.
Et il voulait faire des performances qui soient, elles aussi, évidentes, limpides.
Comme ces dés à six faces, mais à un seul point.
Une piscine de dés à six faces mais à un seul point,
entraînant au délire d'interprétation.
Fou comme un objet des plus banals peut entraîner à l'ivresse des sens !
Pierre Tilman, Robert Filliou, Nationalité poète, Presses du réel, Dijon : 2007