mercredi 24 décembre 2008
Les nouvelles lois de l'hospitalité : Robin Rimbaud
scanner@scannerdot.com
scanner@scannerdot.com
http://www.scannerdot.com/sca_001.html
http://www.myspace.com/scanner
Je me souviens de
OCEAN OF SOUND
Je me souviens de
OCEAN OF SOUND
de David Toop
et de la voix d'Orphan
de la voix d'Orphan, alias Yves Hadrien, alias...
Une histoire de cycles
Une histoire de changement d'ère
ou d'éons
Je me souviens de
OCEAN OF SOUND
de David Toop
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
OCEAN OF SOUND
EONS
Je me souviens de la voix d'Orphan pour NOVOSONIC
ou 2001,
une Apocalypse Rock
2001, Orphan
La raison de la virgule comme pause ou... silence
Robert de Montesquiou,
dans les textes d'Orphan
Orphan
Orphan
ou
Yves Hadrien
10 ans
10 ans
10 ans
Pour chaque cycle
Les éons
Les éons : 10 ans
entre Hadrien Yves et Orphan
Un changement de cycle
Kraftwerk
...
Le Rap
10 ans
entre
Kraftwerk
...
Le Rap
EONS
Je me souviens d'Ocean of sound
Ocean
Ocean
Ocean
Et cette idée qu'il n'y avait
rien
rien
rien
de plus beau qu'un texte de musicien
aujourd'hui
Je me souviens
Je me souviens
Le silence chez Beckett
Le silence lui vient de
Beethoven
Rien
Rien
de plus beau qu'un texte de musicien
Les plus belles avancées en poésie
proviennent de la musique
de la découverte que la musique est en avance
en avance
en avance
en avance
en avance
toujours
en avance
Et que la littérature est
à la rame
en rade
à la rame
toujours
à la rame
Vu
Je me souviens
Je me souviens
Vu
un éditeur ayant repris les ayant-droits de
La Réalité Virtuelle de Reingold Howard
Il me parle
du tracé des lignes portables
sur une planisphère
Il me parle
Il me parle
des flux/trajets des lignes portables
SFR
Bouygues
Alcatel
Le Réseau
Vu
Je me souviens
Sur un planisphère
OCEAN
OCEAN
OCEAN
OCEAN
Et de cette découverte que le téléphone portable est devenu
Maison
OCEAN
MAISON
OCEAN
MAISON
OCEAN
MAISON
OCEAN
MAISON
Comme Ventre de Baleine pour Jonas
pour les immigrés/émigrés/transmigrés
Cette découverte
Cette découverte
Cette découverte
que le portable
que le portable
que le portable
est devenu MAISON
est devenu MAISON
est devenu MAISON
pour des familles, des couples, des hommes et femmes seuls
perdus dans un réseau géopolitique devenu transfrontalier
LA MER ET LA MERE
LA MER ET LA MERE
LA MER ET LA MERE
LA MER EST LA MERE
LA MER EST LA MERE
LA MER EST LA MERE
LA MER EST LA MERE
et la lecture
la lecture
la lecture
la lecture
la lecture
des musiciens soufis
des musiciens soufis
des musiciens soufis
des musiciens soufis
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT EST VIBRATION DE MATIERE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TOUT VIBRE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
TU ES ESSAIN DE MATIERE
POSE TON CERVEAU
POSE TON CERVEAU
POSE TON CERVEAU
Rimbaud scanne les lignes téléphoniques dans ses concerts
Nous sommes en enfer si nous le désirons
Nous sommes en enfer
Nous sommes au paradis
Nous sommes en enfer si nous le désirons
Nous sommes au paradis
TOUT EST AMOUR
Comme Baleine échue échouée, sein de la mer
Sein des Seins ou baleine mourante
Je me souviens
VU
Je me souviens
VU
Robin Rimbaud
alias Scanner
alias Orphan
alias OCEAN
scanne
scanne
scanne
OCEAN
scanne
scanne
le flux de la matière
mouvante
l'onde vibratile
la maison
la maison
rentre dans la maison transfrontalière
rentre dans le dernire désir dernier réseau d'Ipséité
dans le dernier lien
dans le dernier espace d'intimité
pour en faire de la musique
Rimbaud est parasite/nomade/sédentaire
Et c'est ce qui a fait peur à David Toop
dans son livre OCEAN OF SOUND
Robin Rimbaud est un parasite d'ondes vibratiles
il improvise sur nos vies
VOYEUR
Pour lui tout le monde est star de la radio
Ma conversation est poésie
L'échange que j'ai avec ma copine
Je me souviens
VU
Je me souviens
VU
de la langue mobile,
de la langue comme mobile
chez Derrida
et de cet hôte/otage
et de sa notion d'hospitalité
Et de l'association Couple/parasite
en biologie
Rimbaud fait de l'ambient comme Brian Eno
ou David Toop.
Pour lui la musique est tout ce qui vient de l'extérieur du réseau d'émission capté par un micro
Tous les sons excentrés,
Tout ce que l'on écoute" d'habitude mais qui n'a pas vocation à être entendu.
Mais Rimbaud, lui, rajoute la vie, les interactions du public venu à ses concerts
ou
LA MAISON
LA MAISON
LA MAISON
LA MAISON
comme boîte aux lettres et signe de vie, trajet sur une carte/planisphère
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MAISON
OCEAN
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
LA MUSIQUE PASSE
ELLE S'ENTEND
ELLE NE S'ECOUTE PAS
ELLE S'ENTEND
ELLE NE S'ECOUTE PAS
ELLE S'ENTEND
ELLE NE S'ECOUTE PAS
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
ELLE S'ENTEND
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dimanche 21 décembre 2008
Texte aux encordés
- I -
L’homme est un oiseau sans plume
qui porte son nom comme un mulet son fardeau.
Le nom de l’homme est une ombre double,
le vêtement de chimère au moyen duquel
il campe sa dignité sur Terre.
Et l’homme s’essouffle à dire son nom,
il s’essouffle à porter des habits inexistants,
et sa voix s’étrangle…
sa voix s’étrangle et caquette et cloquette.
Kac…
Kac…
Kac…
Kac…
Cloc…
Cloc…
Cloc…
Cloc…
Cloc…
- II -
L’homme n’est pas un,
il n’est pas deux,
n’est pas un homme,
n’est pas une femme,
mais un ensemble,
un état,
une batterie de poulets déplumés
qui caquettent et cloquettent.
Et leur voix s’essouffle à porter l’homme,
tout clapier d’ovipares morts ou vivants
qui le tiennent à distance de, par une corde,
et empêche leur respiration de tendre vers,
empêche leur voix d’arriver à,
arrêtés,
arrimés qu’ils sont,
alors qu’ils pourraient se reculer,
parvenir à distance de,
pour reprendre,
pour retrouver,
pour permettre à… de…
et mettre du jeu à la laisse.
- III -
L’auteur est cet oiseau qui cherche à tirer sur la corde plus fort que les autres, pour que, essoufflé, étranglé, parvenir à faire entendre sa voix :
- Kac !
- Kac !
- Kac !
- Kac !
Entendez comme il s’essouffle et combien sa voix et son nom montent haut !
- Cloc !
- Cloc !
- Cloc !
- Cloc !
Son corps porte sa charge tendue jusqu’à la voix pour toucher le public comme cible ou ensemble ovipare cherchant à entendre Kac,
ensemble de viandes blanches cherchant graines de maïs appelé texte, poésie, théâtre ou Kac,
Suffocation par empathie du vocable Kac dans un micro tendu
jusqu’à Soma.
- Kac !
- Kac !
- Kac !
- Kac !
- Kac !
- Kac !
- Kac !
- Kac !
L’empathie gagne, la pitié tragique ou Kacarsis devant chant du cygne Kac,
shooting d’une mère de saint dans un terreiros près de Saõ Paulo au Brésil.
Comme je porte bien mon nom !
Je suis Atlas !
Je suis Artaud !
Je suis Dieu !
Je suis un con.
-IV-
Je bande !
Regardez la mandragore jetée par-dessus la jambe ou rampe à travers voûte céleste, au nez, au vu et su des spectateurs du premier rang.
C’est l’opéra moderne.
Jadis, les femmes se mouchaient, cependant que les nobles, qui avaient payé leur place sur scène, applaudissaient.
Mais il n’y a pas de Kac
derrière une page ou devant un micro.
Je peux toujours chercher un homme, une lanterne allumée en plein midi,
je suis seul,
je suis absolument seul à bander.
C’est le chant du cygne,
les derniers mots du condamné à mort.
ll ne pourra plus s’écraser,
devra vider son sac devant nous.
(Tout le monde sait que le condamné à mort parle
et que le poète exulte son texte comme s’il s’agissait du dernier)
Ô le joli texte emmailloté
comme une grille autour du corps du petit Jésus !
Sa maman passe ses soirées à le déculotter
et le branle pour qu’il rote.
Le rot le met aux anges :
sa parole est volute ou gaz,
petite bible de poche pour enfants sortis des langes.
– Ouououououps !
Respiration forte,
mise en apnée avant retour de bandelettes
sur le tendre cadavre, rose et dodu
du petit poulet, petit mignon Osiris.
– Retour de bâton :
Isis, sa maman, ou Marie, vierge ou hystérique,
je ne sais plus,
lui recoupe le kiki.
Alors Kac !
La voix reprend ses saccades.
Kac !
La langue s’empâte, devient bleue,
la bouche montre les gencives,
cependant que le sang ne monte plus à la tête.
Cela mastique alors,
cela bave,
cela se chie dessus,
mais toujours,
par un miracle de la nature,
selon un rythme,
ïambe et dactyle,
toujours en mesure,
la grille des mots.
Le message est si fort,
La parole si prophétique
qu’on en oublie le corps du supplicié.
Cela mâche,
cela mastique,
cela s’astique par en-dessous,
cela ne respire plus, et pourtant cela vit encore,
cela ne mange plus depuis des années,
mais cela marche, rit, fait la vaisselle et les courses,
cela ne meurt pas,
parce que cela a pris soin d’écrire ses mémoires, ses idées, ses visions
que des rats mangent sur des étagères
en compagnie des savants et des érudits,
des professeurs et des écoliers.
Kac !
Kac !
Kac !
La tête est violette et le sexe apparaît rose !
Comme c’est beau !
Il est prêt pour la Pléiade !
C’est Elephant man qui récite le Notre Père,
un sourd-muet qui chante la Marseillaise à l’ORTF,
ou un réfugié qui ânonne du français
pour le Contrat Accueil Intégration.
Cela a encore besoin de corps fétiches et de textes fétiches.
Cela ne croit plus au culte d’aucun dieu,
mais cela a besoin de culture.
Cela se tait et cela attend religieusement que ça passe.
Et parfois cela passe, oui,
on ne sait trop quoi.
Le petit Jésus mignon, emmailloté,
ou la mandragore.
Et puis, l’on retourne chez soi,
quand le spectacle est fini.
On n’a rien compris du tout,
On n’a rien compris du tout,
mais c’était joli.
dimanche 7 décembre 2008
Les nouvelles lois de l'hospitalité
Ciment, béton armé, bois, revêtements spéciaux, etc. Rien n’arrête les yeux de Xaver, la caméra omnisciente. “You can run, but you can’t hide any longer”.
CAMERO est une société créée en 2003 basée à Herzliya qui a créé une « caméra qui voit à travers les murs », rien de moins !
En effet, le Xaver est capable de voir à travers les murs à une distance de 25 à 300 mètres. Camero, fort de cette arme redoutable continue son implantation aux Etats-Unis et gagne de nouveaux marchés. Camero a récemment levé 14 millions de $ en janvier 2007 pour permettre cette expansion commerciale rapide.
A propos de Xaver
Xaver est une caméra portable, qui grâce à des signaux infrarouges permet de regarder à travers des murs épais, y compris du béton armé. La caméra envoie des signaux radars à très haute fréquence, ce qui permet de voir en temps réel ce qui se passe à travers un mur et tout ceci en 3D.
L’appareil visionne des images 3D issues d’un radar UWB (ultrawide band ou ondes ultra longues) breveté. Le terminal portatif léger génère des informations en 3 dimensions d’objets et de formes vivantes à travers diverses formes d’obstacles solides, tels que des murs, des toitures, etc. La portée actuelle de Xaver est de 25 mètres et son PDG Aharon prédit une portée de 300 mètres d’ici quelques années.
Camero Xaver 400 – Portable 3 kilos – Voir à travers les murs
Bientôt en vente libre, dans vos magasins !
Choisissez pour vous votre identité
Vous pouvez changer de nom ou d'identité, vous pouvez changer de corps et de visage.
Il n'y a plus d'étranger, parce que l'Anonyme ou l'Innommable n'est plus un inconcevable pour nous ou un interdit.
L'Etranger absolu est désormais. Nos lois de l'hospitalité sont ouvertes et leurs sources sont libres de droit.
Vous pouvez tous devenir l'Etranger absolu si vous le désirez. Vous pouvez ne plus avoir d'identités ou les avoir toutes.
Les portes de nos maisons sont ouvertes.
Nos lois de l'hospitalité sont ouvertes.
Soirée Manifesten
Le mercredi 10 décembre 2008
au théâtre de l'union
à 18 h. 30
entrée libre
Action 1 # Texte aux encordés
(Performance-installation. Création. Durée - 30 min.)
Le texte aux encordés
a été conçu à partir d'une performance d'Eric Madeleine, Do not across, présenté en 2000 pour le club de Sade et en 2001 à la villa Médicis : deux hommes sont reliés à une corde à double-nœud et tirent chacun de leur côté. Bruno Lemoine a ajouté à cette performance deux micros et la prolonge avec des textes, dont la nature poétique s'affronte douloureusement à l'épaisseur radicalement bornée d'une boîte vocale. Cette réflexion sur l'incommunicabilité s'appuie sur la relation épisodique que certaines personnes peuvent avoir avec la boîte vocale des ASSEDIC ou de l'ANPE. Cette performance où les corps et les paroles tentent de se mouvoir comme sur un ring, illustre les difficultés d'interactions à travers les mots : la parole devient ce qui sépare et le discours, ce qui aliène.
Bruno Lemoine (né en 1981) est auteur. Il est un fan d'Arthur Cravan et conçoit la poésie comme un match de boxe. Il aime les Sex Pistols, Wire, Fight Club et il adore se battre avec le public. Dernier livre paru : L'Après-Journal Nijinski (Al dante, 2008)
Eric Madeleine (né en 1968) est plasticien et performeur. Son travail relève de l'art-action. Il se définit lui-même comme "sculpteur de compétence et producteur de gestes". Dans son oeuvre, le corps est omniprésent et devient acteur social de l'espace qu'il occupe. Il met ainsi en place des "Habitudes-fictions", qui consiste à perturber les comportements, les attitudes et la fonction d'une personne par l'introduction de nouveaux codes.
Dernière exposition personnelle : Changer de point de vue sans tourner la tête, à Albi, au LAIT (Laboratoire Artistique International du Tarnes).
Action 2 # Plan de situation : Sélestat
(Performance-conférence. Prod. : Frac Alsace. Durée : 89 mn)
Tentative quelque peu utopique de description exhaustive de la ville de Sélestat et de ses habitants, cette conférence-performance ouvre en même temps sur des horizons tels que la mondialisation, l'urbanisme, la condition ouvrière ou simplement humaine, sans oublier ni le canoë-kayak ni la fabrication des brosses à dent. Un récit d'explorateur sérieux et ludique qui s'amuse à questionner la validité de nos repères et de nos représentations face à l'infinie complexité du réel. Entre "one-man-show" humoristique, leçon de géographie et discours engagé, voilà une drôle de "conférence" qui offre un regard joyeusement décalé et frais sur notre quotidien.
Till Roeskens (né en 1974) est plasticien. Ses deux obsessions de départ sont le regard et l'errance. L'artiste s'exerce à de nombreuses tentatives de description. Il discourt sur les images en interrogeant ce qui nous est donné à voir, ce que nous sommes capables de voir et ce qui échappe au regard. Il pose de multiples tentatives d'orientation et de positionnement pour trouver ou retrouver un chemin ou une position sur la carte du monde.
En ce moment en résidence à Marseille. Travail en cours : Plan de situation #6 : La Joliette.
Théâtre de l'Union - 20, rue des Coopérateurs - 87000 Limoges. Tél. 33(0) 555 79 74 79
dimanche 23 novembre 2008
Events d'Eric Madeleine aux marchés de Rungis - jeudi 27 nov. 2008
Rugbymen removers, Centre d'Art Le Lait,
Castres, 2007
- L'homme est sujet.
- Ah oui ?
D'où L'Homme-objet comme concept.
...La question doit être assez simple, naïve, celle que pose un enfant à ses parents....
- L'homme est sujet ?...
...Mais est-ce vraiment un concept ?
Un jour, l'étudiant Eric Madeleine a eu l'idée de devenir L'Homme-objet, aux Beaux-Arts de Caen. L'idée semblant assez facile à réaliser, une ascèse en un signe : Faire signe, un point c'est tout
.)
Puis Made in Eric décide de retourner son travail comme un gant, et redevient Eric Madeleine.
C'est alors, en 2000, le corps des autres qu'il inventoriera, ce qu'ils sont de part leurs fonctions, métiers et compétences, ou "Comment le corps des autres devient un objet ?" Après avoir détourné la fonction sujet et objet en un geste minimal : je suis un mot-valise, je fais la chaise, la table, le garage à vélos, la pancarte d'interdiction sur une pelouse, etc., ce sont les corps de métier, ou "le corps des autres de part leur métier", qui devient mot-valise.
Hockeyeur-balayeur,
mais aussi :
Rugbymen-déménageurs
Pongistes-métronomes
Cycliste-trapéziste
Masseuse-charcutière
Coiffeur-jardinier
Etc.
le krach est un autre nom pour tohu-bohu.
Alors, il faut quelque chose d'aussi grand et d'aussi imposant que les marchés de Rungis pour faire la Fête, il faut le Grenier de l'Europe, il faut l'un des plus grands marchés mondiaux, il faut une inauguration, comme celle en vue des 40 ans des marchés de Rungis, pour un Carnaval qui devrait durer six mois, deux saisons, et qui ne durera malheureusement qu'une nuit,. iI faudrait un Potlatch dans les marchés de Rungis contre le Krach-cataclysme, il faudrait une fête à en faire craquer les chambranles de l'ordre du monde, et non pas ce retour saisonnier guerre-grève-vacances-manif.-crise-krach-guerre... Le même que celui de la Première, le même que celui de la Deuxième, le même que...
Le 27 novembre 2008, Eric Madeleine détournera le marché de Rungis.
vendredi 17 octobre 2008
wall street
" Je veux avoir des millions pour faire craquer la Bourse. Je veux ruiner la Bourse. Je déteste la Bourse. La Bourse est un bordel. Je ne suis pas un bordel. Je suis la vie, et la vie est l'amour pour les gens. La Bourse c'est la mort. La Bourse dépouille les pauvres gens qui y apportent leur dernier argent pour en avoir plus, dans l'espoir d'atteindre leur but dans la vie. J'aime les pauvres, c'est pourquoi je jouerai à la Bourse pour détruire les boursiers. Les boursiers sont ceux qui jouent à la Bourse avec des sommes immenses. Les sommes immenses sont la mort, c'est pourquoi les sommes ne sont pas Dieu. Je veux gagner de l'argent à la Bourse, c'est pourquoi, un de ces jours, j'irai à Zurich. Ma femme me presse d'aller à Zurich pour voir un médecin des nerfs, pour faire examiner mon système nerveux. Je lui ai promis 100 000 francs si elle a raison de dire que mes nerfs sont dérangés. Je les lui donnerai si le docteur voit que je suis malade des nerfs. Je ne lui donnerai pas si elle perd. Je n'ai pas cet argent, mais je lui ai promis. Dieu veut que je joue à la Bourse. Je jouerai, mais pour ça, il faut rester quelques semaines à Zurich. J'irai à Zurich un de ces jours. Je n'ai pas d'argent, mais j'espère que ma femme m'en donnera..."
Cahiers, Nijinski
lundi 6 octobre 2008
L'après-journal Nijinski
Le vingtième siècle a été le siècle des utopies, en art, en science et, évidemment, en politique ; mais, curieusement, l'utopie, comme genre littéraire, est absente du catalogue des éditeurs. D'autres genres sont, bien sûr, absents du catalogue des éditeurs. J'en affectionne particulièrement un qui a été inventé par Beckett pour le théâtre : c'est la foirade. Mais il y a aussi, en littérature, la fantaisie qu'Hoffmann affectionnait. Il y a, en fait, beaucoup de genres littéraires non catalogués par l'Université et les éditeurs.
Pour un écrivain, la difficulté de l'écriture d'une utopie n'est pas dans sa rédaction, mais après coup, lorsque le livre est achevé. Un roman ne change pas un auteur, un poème ne change pas un poète, une utopie le change. Après l'invention d'une utopie, la forme-même d'un livre n'est plus viable, un auteur ne se reconnaît plus dans ce qu'il écrit, mais dans ce qu'il s'autorise à faire : dans le geste libre.
L'après-Journal Nijinski, en tant que roman, raconte l'histoire d'un danseur étoile, Etienne, qui voudrait être Nijinski, qui, lui, se prenait pour Dieu. Comme la peréquation des vies est impossible dans nos cultures, comme une identité ne s'échange pas d'un individu à l'autre, que cet individu soit vivant ou mort, Etienne imagine une utopie dans laquelle le partage des vies entre les hommes serait devenu monnaie courante : une révolution des masques, telle qu'elle a eu lieu à Venise à l'époque de Casanova, mais qui serait devenue permanente.
Ce blog, W-imaginaire, est dédié à cette révolution permanente des masques.
" Lettre à l’éditeur
Tu n’es pas un éditeur et je ne suis pas un écrivain. Aucun homme ne devrait te forcer à n’avoir qu’un seul masque et aucun poète ne devrait passer par le biais de l’écriture pour devenir l’image qu’il entend être, car l’écriture est un leurre, elle ne donne le désir d’être autre qu’en enfermant ce désir dans du papier ; l’écriture est un enfant avorté, un masque d’homme perdu pour son auteur. Tu es Nijinsky, si tu le souhaites, ou une araignée, un sphinx, une pierre observant l’horizon, le mouvement continu de la matière et la lumière vive qu’elle recèle. Tu es Nijinsky, car tu n’as jamais été plus libre d’endosser n’importe quel rôle.
Un rôle est une vie, une vie est le cheval Bucéphale qui a peur de son ombre ; monte-le face au soleil.
Tu es le plus grand danseur que le XX° siècle a possédé, né à Kiev en Russie en 1890 et mort fou à Londres en 1950, ta femme s’appelle Romola Nijinsky et le maître de ballet qui t’a donné ta chance, Diaghilev. Quand tu arrives à Paris, tu obtiens un succès retentissant : tu es le premier danseur étoile reconnu en Europe. Cette situation nouvelle au monde est une charge qui te laisse épuisé, mais, en même temps, te transporte : Saint-Pétersbourg, Monte-Carlo, Paris, Londres, Berlin, New York, tu apprends les principes de l’ubiquité correspondant aux nouveaux aiguillages impériaux, et ton saut fait croire en l’attente des âmes sur terre jusqu’au spasme, envol que ni Roland Garros ni Neil Armstrong ne surpasseront jamais.
Tu as monté L’Après-midi d’un faune et Jeux d’après une musique de Debussy, ou Le Sacre du printemps de Stravinsky. Tu as inventé une nouvelle écriture chorégraphique et entrevu les possibilités que, demain, le cinéma permettra à la danse.
Tu as conçu l’écriture chorégraphique comme étant un journal et le journal comme une écriture chorégraphique ; tu t’es imaginé écrivant, vivant, dansant ta vie dans un acte compulsif, chaque homme après toi devant compulser, écrire et danser, selon ta notation, L’Après-midi d’un faune, Jeux ou Le Sacre du printemps, chaque homme devenant créateur et créature dans un même élan, puisque chaque homme étant toi.
Tu as dessiné le Journal, les Cahiers, L’Après-Journal et des mandalas que tu ne m’as jamais montrés, mais dont je me souviens.
La folie t’emportant toujours, aucun homme de lettres n’écrira ton tombeau.
Bruno Lemoine "
samedi 13 septembre 2008
Pompino™ la sucette qui rend beau
Pompino, la sucette qui rend beau est une performance d'Eric Madeleine et Bruno Lemoine, avec marionnettes de silicone en forme de mains et castelet.
Eric Madeleine a conçu l'installation et Bruno Lemoine a écrit le texte.
Cette performance aura lieu samedi et dimanche prochains à Ivry-sur-Seine, lors de la journée du patrimoine.
Pompino, la sucette qui rend beau sera représentée plusieurs fois au parc des Cormailles à Ivry, les 20 et 21 septembre 2008.
Pour de plus amples informations :
www.pleinsfeux.ivry94.fr
Pour avoir un avant-goût du travail d'Eric Madeleine :
www.ericmadeleine.com
Venez nombreux, avec vos enfants !
Pompino est un spectacle pour les petits et les grands !
mercredi 3 septembre 2008
La migration des monarques
Lucie est partie jeudi dernier pour un mois ; après, je ne la reverrai plus que quelques jours, puis elle vole pour six mois au Japon. Lucie est étudiante aux Beaux- Arts de Dijon et assistante d’une professeur et artiste, Lydie Jean-Dit-Pannel. Pendant un mois, à Montréal, les deux femmes vont filmer le départ des monarques pour leur migration.
Le monarque est l’un des plus grands papillons au monde et le seul à migrer. C’est un papillon aux ailes orange et noires, brillantes comme un vitrail de Rouault en plein jour. Lydie est vidéaste et fait le tour du monde depuis quelques années pour prendre des séquences de Babel, la geste des hommes et des animaux, de Las Végas en Amérique latine et en Asie, ou l’Aleph du poète Carlos Argentino ; ce qu’elle nomme le Panlogon.
Le Panlogon est le discours Panique ou nom "Dit-Pannel". À la source, le préfixe Pan ! est le bang ! du flingue et l’ouverture totale, la dilatation jusqu’à point de rupture des tissus vivants. Lucie a peur, parce que Lydie fait du body art et tatoue, à chaque point visité de la carte terrestre, un monarque sur son corps. De sorte que les vidéos et le corps de Lydie semblent former un poème tantrique, ou évocation, sur la peau des couples initiés aux Tantras, des liens symboliques entre le Microcosme et le Macrocosme. Un poème nouveau, pourtant, puisque l’acte d’amour n’est plus médiatisé par le verbe et la transcendance, mais par l’image en mouvement.
Lucie a peur de filmer le départ de Lydie-Monarque et de faire partie du voyage, mais elle sait que l’union charnelle de la femme et de l’ange est à réinventer chaque fois et que Théorème de Pasolini n’est pas un film, mais un théorème.
dimanche 3 août 2008
Onomastique Bruno Lemoine (copyright)
1760 : Casanova adopte le titre de chevalier de Seingalt :
« - Eh ! comment ce nom vous appartient-il ? – Parce que j’en suis l’auteur ; mais cela ne m’empêche pas que je ne sois aussi Casanova. […] – Comment peut-on être l’auteur d’un nom ? […] – L’alphabet est la propriété de tout le monde ; c’est incontestable. J’ai pris huit lettres et je les ai combinées de façon à produire le mot Seingalt. Ce mot ainsi formé m’a plu et je l’ai adopté pour mon appellatif, avec la ferme persuasion que, personne ne l’ayant porté avant moi, personne n’a le droit de me le contester, et bien moins encore de le porter sans mon consentement. »
(Pléiade, II, p. 882)
vendredi 25 juillet 2008
Joël Hubaut sur le billard
vendredi 18 juillet 2008
Onomastique Bruno Lemoine (copyright)
"Beuys, dit Eva Beuys, a passé toute sa vie à mourir. Elle n'a jamais appelé son mari autrement que "Beuys" ; leurs enfants, Wenzel et Jessyka, faisaient de même et ne lui ont jamais dit "père" ou "papa". Il a passé toute sa vie à mourir, ajoute Eva, mais il était toujours si vibrant. Il adorait la vie ; il la voyait comme un chemin qu'il voulait parcourir jusqu'au bout. Selon Eva, Beuys a franchi les voies de la vie et de la mort avec une sûreté absolue - jusqu'à Palazzo Regale."
Joseph Beuys, une biographie, Heiner Stachelhaus
dimanche 13 juillet 2008
lundi 23 juin 2008
Albert Cossery : naissance
mardi 3 juin 2008
Alias Black Market (1)
" Compter, mesurer, mesurer, compter, marcher, compter, parler, agir, regarder, voler... sur un tapis, mesurer, regarder, le spectateur, parler. "
« Le travail d'Esther Ferrer peut être considéré comme un minimalisme très particulier qui intègre la rigueur, l'humour, le détournement et l'absurde. » (Sylvie Ferrée) ; ajouter à cela un fond d'humour et de radicalité.
Esther Ferrer est surtout connue pour ses performances. C'est une artiste espagnole active depuis les années 60, notamment dans le groupe ZAJ, cousin espagnol de Fluxus.
Allias Black Market, à l'occasion de sa conférence-naissance, souhaite lui rendre hommage. Ses performances, pour leur mode d'action et les questionnement qu'elles soulèvent sont des références fondamentales.
Dans toutes ses propositions plastiques, dispositifs ouverts et actifs, le temps, l'espace et la présence (la sienne et celle des autres), sont des éléments qu'elle structure, manipule et interroge.
Economie et réduction des moyens, elle joue avec un minimalisme et une rigeur de l'absurde qui lui sont propres. Système métriques, répétition, mouvements simples : le protocole de l'action est visible dans chacune de ses performances, pour permettre au présent d'émerger.
Mesure du temps qui passe, exploration du lieu parcouru, liens entre les présents, actions devant, autour, avec. Le spectateur est invité à regarder, vivre, expérimenter la proposition qui est en train de se faire, comme un écho à ses propres expériences.
L'action est un levier :
« C'est à partir du quotidien que l'on va vers un autre lieu » Esther Ferrer
Le chemin se fait en marchant. (video you tube)
Elle tient dans sa main un rouleau de scotch blanc, qu'elle déroule au fil de son parcours et qu'elle fixe au sol à l'aide de ses pieds, en marchant dessus. Elle trace une ligne, mise en relief de l'espace pratiqué, matérialisation du chemin parcouru, comme son propre fil d'Ariane. L'action est mobile, c'est jeu de réactions, une pratique éphèmère, quelquechose en cours de fabrication. La poésie s'affirme dans le minimalisme.
- Description de la performance : assise à regarder le specateur :
Renversement des positions, qui regarde, qui agit ?
Assise sur une chaise immobile, à regarder le public sans un mot ; « être le spectateur de l'autre ». L'action n'est pas spectaculaire ; Il n'y a aucune satisfaction à en tirer.
Tapis volant.
L'humour et l'absurde.
Elle est assise sur une chaise, elle même posée sur un tapis d'orient et elle agite ses bras comme les ailes d'un oiseau.
Jeu de mots, jeu de conte, l'imagination au pouvoir pour le décollage des possibles.
Une volonté, une radicalité efficace sans être extrêmiste, avec une approche toujours ludique, la performance semble être chez Esther Ferrer à la fois l'engagement d'une vie et un plaisir toujours renouvelé.
Une citation d'Esther Ferrer à propos de la performance dans un entretien avec Sylvette Babin :
« Il y aura toujours un adulte ou un enfant qui voudra représenter le monde. C'est comme respirer ou manger. On ne perdra jamais le désir et je crois que la performance est une question de désir. L'essentiel est que si vous voulez faire de la performance, faites-le, point à la ligne »
lundi 17 mars 2008
Nioques#3
Une nouvelle de moi, La vie des insectes, dans la revue Nioques, du poète Jean-Marie Gleize.
Au sommaire, une traduction de Gertrude Stein par Martin Richet, Isabelle Giovacchini, Bernard Noël, Gwenaëlle Stubbe, Jérémie Gindre, Alexandra Bougé, David Lespiau, Cyrille Martinez, Anne-James Chaton et Franck Leibovici.
NDLR. Parler un jour de Franck Fontaine, celui qui s'occupait de Nioques auparavant. Beaucoup de choses intéressantes chez Fontaine. Téméraire, plutôt, mais là, au moins, il y a quelque chose de nouveau.
mardi 4 mars 2008
« Notre corps est lié à un monde que nous ignorons parce que nous ne possédons même pas les rudiments de son vocabulaire. Ce monde est purement physique, et il coïncide avec le fonctionnement non seulement du corps, mais à travers lui de l’espèce et du langage»
Bernard Noël, La langue du corps
L’HOMME APPROXIMATIF
est heureux de vous inviter
à une séance de lecture,
le samedi 8 mars à 19 h 30
à l’école de danse de Madame Pelletier,
8, rue Chaumière, à Talant.
François Dominique y sera L’Homme-des-sorts de René Ghil.
Éjections et crachats de Dépolluer l’infini par Paul Lapaiche.
L’Homme approximatif est une séance de lecture qui
vous sera proposée tous les XXX mois pendant XXX ans.
Entrée gratuite.
Photographie : copyright Bernard Plossu et François Dominique.
Organisation : François Dominique et Bruno Lemoine
Video : Max Riondet
mardi 19 février 2008
Romulphe
Romulphe comme roman, mulle ou muffle, labiales et sifflantes.
samedi 16 février 2008
Enoch - Roman historique
I
Dans un riche appartement d'Antibes au mois d'août - moulures au plafond et tentures aux murs -, un vieil homme du nom de Grenant tomba inexplicablement. Il lui arrivait fréquemment de le faire, il lui arrivait fréquemment de perdre l'équilibre sans raison. Sa chute était prévue d'avance, inévitable et programmée, et qui l'aurait vue à cet instant n'aurait rien fait pour l'empêcher, tant la chose paraissait blette, la chair décrépite, un fruit de moine pénitent ou de jeunesse appliquée aux morsures d'estomac, adonnée à la junkfood, ou le pain rassis dans l'eau tiède, la Manne des toilettes publiques. Un goût répugnant dont un réflexe hygiénique nous épargne l'intention charitable d'un geste prévenant. Par terre, comme un insecte sur le dos, des serres de vautour à la place des mains, plus faibles que les pattes de l'aronde, un scarabée d'or, un crabe sur le dos cherchant un point d'appui pour se reprendre, et Grenant, épuisé, s'asseyant contre le premier socle qu'il trouva.
" Je vais rester ainsi sans bouger, c'est mieux, le sang ne coule pas. Quand il coule, il me dérange. C'est chaud comme un sanglot d'enfant, le sang, cela déconcentre de ce qu'on pense. - Une histoire, voyons, cette histoire-là, l'histoire du petit bureaucrate appliqué.
" - Nie wieder !
" Il avait anticipé son coup, celui-là. Il avait pressenti la guerre, l'avait humée dans l'air des journaux, sous le faux jour terne de son petit bureau. C'était un être consciencieux, petit, modeste et bien noté. Nous voyons tous de qui je veux parler : assis voûté, le dos voûté, sur une brochure qu'il griffonne : le médiocre vertueux. Il avait accepté son sort, il ne se disait pas, Je suis tout autre, il convenait tacitement des avantages et des inconvénients de sa position, en estimait parfois les contours après une journée de labeur scripturaire, calculant ce qu'il pouvait ou ne pouvait pas espérer, selon une échelle de probabilité qui lui était propre, un ensemble d'hypothèses et de déductions qui finissaient par se perdre, ainsi que le lait sur le feu, en auréoles et en croûtes blanches par-dessus sa tête, devant le tableau des consignes du jour et les algorithmes de ses maîtres. - Ou de côté, près de la fenêtre où siègera bientôt un macintosh, aussi austère qu'un portrait d'Erasme.
- Petit bureaucrate ?"
(Bruits de la langue sur le palais)
" Petit-petit-petit-petit-petit...
"Sa chambre était un meublé dépoussiéré chaque jour par une dame, une vieille campagnarde que l'air de la ville n'avait pas entamée. On entrait chez lui par une cuisine aux allures d'arrière-boutique, où il travaillait le soir à son grand projet, souvent jusqu'à très tard dans la nuit. La vieille dame regardait, quelque temps après le couvre-feux, la lumière éclairant sa fenêtre, puis retournait dans son vestibule en émettant un soupir. Il avait fait pour lui-même les observations suivantes, après analyse des diverses situations politiques en Europe : Nul n'avait encore inventé une menace capable d'empêcher les hommes de se battre. L'un des deux pays serait vainqueur, l'un des deux pays serait vaincu. Les hommes repartiraient chez eux après la guerre, en déplorant tout le mal qu'on leur avait fait commettre. Il fallait donc qu'un texte exprimât dès maintenant leur volonté d'en finir :
- Nie wieder !
" L'Occupation coupait la France en deux, le petit politicien travaillait toujours tard le soir, sa lumière éclairait encore quand la vieille dame s'inquiétait :
- Nie wieder, petit-petit-petit-petit-petiiiit...
" Il fallait, pensait-il, prendre à l'envers l'équation poétique obtenue par Edgar Poe dans Le corbeau, mais comment ? Les jours passaient, des jours et des lunes. Des soldats s'inquiétèrent qu'une lumière élairât après le couvre-feux. La Gestapo sonna chez lui un matin et trouva ses réflexions jetées sur des feuillets. Un officier allemand s'assit pour les lire et dit au bureaucrate qu'il aimait la littérature fantastique, que cela manquait à leur époque, un écrivain capable de faire rêver, puis il voulut discuter. Le petit bureaucrate s'emballait, s'emballait, et l'officier de rire et de lui proposer d'écrire un article ou deux pour un journal. Le petit bureaucrate accepta."